Comme nous l'avons rappelé dans le détail avec notre livre Ladies First (Le Mot et le Reste, 2019), il n'a jamais été commode pour une femme de se faire une place dans le rap. D'abord, il a fallu savoir jouer des coudes pour s'imposer auprès d'une majorité très masculine, et souvent macho. Il a fallu aussi compter avec ses rivales, le public ou l'industrie du disque considérant souvent, bizarrement, qu'il n'y a de place à chaque époque que pour une seule star féminine du hip-hop. Enfin, il a fallu se positionner par rapport aux stéréotypes très marqués où l'on a enfermé les rappeuses : la garçonne, la bad bitch ou la reine des prunes R&B. Malgré tous ces obstacles, cependant, des femmes ont compté dans le hip-hop, comme le montre cette sélection forcément personnelle des projets rap féminins les plus captivants et accomplis.
Un seul critère a dominé dans cette liste : la qualité des albums ou mixtapes cités. L'importance historique, ou la représentativité, n'ont pas dicté ces choix, mais seulement cette chose éminemment subjective qu'est le goût. Il ne faut donc pas s'étonner si quelques projets marquants, voire incontournables, manquent à l'appel. Nous n'avons cité aussi que des oeuvres majoritairement rap (pas de R&B) et vraiment féminines (pas de groupes mixtes). Toutefois, si d'aventure vous ne vous reconnaissez pas dans cette sélection, et si vous voulez combler des manques, posez donc réclamation dans le champ "commentaire" de cette page.
Vous pouvez aussi faire valoir vos propres choix en matière de rap au féminin, en bas de page.
Cette liste en cours d'édification s'attarde sur les années 2006 à 2022.
3D NA'TEE - The Coronation (2012)
Remarquée par la G-Unit, puis par Timbaland, 3D Na'Tee avait été supposée sortir une mixtape avec ce dernier. The Coronation serait finalement enregistré sans lui, mais il n'en serait pas moins un projet important pour la rappeuse de La Nouvelle-Orléans. Au-delà de son style battle, y apparaissaient les traces du passé de cette femme qui, dès l'adolescence, avait été livrée à elle-même.
KENY ARKANA - Entre ciment et belle étoile (2006)
Kenny Arkana a découvert l'idélologie altermondialiste comme d'autres ont trouvé la foi : comme le remède à une jeunesse fracassée. Mais quand elle parle de cette dernière plutôt que de réciter son bréviaire, quand elle se livre sur ses séjours en foyer ou dans la rue, la Française tape là où ça fait mal. La sincérité transparait dans ces chansons rap qui ont touché un large public.
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ASIAN DOLL - Drippin' in Glo (2016)
Comme toutes les autres filles de la vague des "dolls" qui a marqué le rap du milieu des années 2010, Asian Doll (qui, au passage, n'a rien d'asiatique) est une héritière de Nicki Minaj. Mais sur cet album, en prenant la pose menaçante de la gangster et avec ses odes à l'argent, elle montrait surtout qu'elle méritait d'être la seule rappeuse accueillie par Gucci Mane au sein de son 1017 Records.
IGGY AZALEA - Ignorant Art (2011)
Avant de prendre, comme nombre de ses consœurs, le chemin d'une pop dansante et grand public, Iggy Azalea s'était appropriée le sons et les outrances du rap du Sud. Il y avait quelque chose d'étrange, voire d'inconvenant, à voir cette Australienne blanche adopter ce registre a priori étranger à sa culture. Mais enfin, sur Ignorant Art, la mixtape de la révélation, elle faisait mouche.
AZJAH - Princess Diaries (2019)
Dans le registre dominant à la fin des années 2010, celui du gangster mélancolique qui s'exprime sur des sons atmosphériques, voire à l'Auto-Tune, Los Angeles a apporté sa pierre avec Azjah. L'album de l'auto-proclamée princesse de Compton n'est sans doute pas le plus remarqué à être sorti de ces lieux, mais il ne doit pas être négligé, à l'écoute de bijoux comme "Loved Ones".
CARDI B - Gangsta Bitch Music Vol. 2 (2017)
Cardi B ne s'est pas faite en un jour. Après avoir été strip-teaseuse et starlette des réseaux sociaux, elle a ensuite entamé sa carrière de rappeuse. Et comme toujours en pareil cas, afin de mieux préparer son premier album, le triomphal Invasion of Privacy, elle est passée par le circuit des mixtapes, des Gangsta Bitch Music où elle peaufinait sa trap music humoristique et grand public.
CARDI B - Invasion of Privacy (2018)
Cela aura donc été Cardi B, la grande représentante du rap féminin à la fin des années 2010. Incontestablement, elle avait un air de produit marketing, cette ancienne stripteaseuse qui mettait à jour une vieille formule, celle de la fille sexy à la langue bien pendue, à l'ère des réseaux sociaux. Mais c'était un produit marketing plutôt réussi, avec cet album qui marquait son triomphe.
AZEALIA BANKS - 1991 (2012)
Bien avant qu'elle ne crache sur quelqu'un dans un avion, qu'elle pose pour Playboy et qu'elle soutienne Donald Trump, l'irascible et l'incontrôlable Azealia Banks a su mêler avec réussite influences house music, image glamour et sauvagerie ghetto sur cet EP. Nommé d'après son année de naissance, 1991 est alors le commencement de sa carrière. Ça restera aussi son meilleur moment.
MOLLY BRAZY - Molly World (2017)
Molly Brazy mettra de l'eau dans son vin, avec le temps. Elle arrondira les angles. Mais sur ce projet parrainé par 4sho Magazine, le principal promoteur du rap de rue de Detroit, elle est encore fidèle au son de sa ville. Il s'agit alors d'un véritable rap de gangster, délivré par une rappeuse obsédée par les armes, avec l'aide de figures notoires de l'endroit tels que GT et Masoe.
CAM & CHINA - Cam & China (2016)
Deux jumelles californiennes, plutôt adroites au micro, confirmaient ici leur talent. Après s'être fait connaître à la fin des années 2010 au sein d'un quintet d'adolescentes portées sur les sons festifs et les propos sexuellement explicites (typiques de l'éphémère phénomène jerkin'), les anciennes Cammy et Cee Cee, désormais Cam et China, étoffaient leur palette de nouvelles influences.
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CASEY - Tragédie d'une trajectoire (2006)
Après une dizaine d'années de diverses collaborations qui ont construit sa réputation, Casey passe à la vitesse supérieure en 2006 avec la sortie du maxi Ennemi de l'ordre, du street-CD compilatoire Hostile au stylo et surtout de Tragédie d'une trajectoire, un premier album où, avec une plume très littéraire, elle investit le registre du réquisitoire, où elle déverse toute sa bile avec hargne.
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CASEY - Libérez La bête (2010)
Le meilleur rappeur de France est une rappeuse. Cette affirmation, Casey la confirme sur l'un de ses rares albums, le deuxième officiel. Au-delà de son allure agressive et intimidante, derrière ses paroles d'animal blessé, apparaît celle qui a su le mieux se tirer de cet exercice casse-gueule, celle qui a réalisé ce vieux fantasme : adapter la chanson réaliste et contestataire à l'ère du rap.
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CUPCAKKE - Cum Cake (2016)
Comme l'indique cette pochette d'un certain goût, CupcakKe pousse toujours plus loin les limites de la pornographie dans le rap. La native de Chicago clame sa soif de sexe de manière éminemment explicite. Mais elle parle aussi de ses aspects les plus glauques, comme sur le titre "Pedophile". Et à l'occasion, elle se montre également sous les traits d'une rappeuse "consciente" et féministe.
CUPCAKKE - Queen Elizabitch (2017)
La rappeuse pornographique la plus hardcore est aussi la plus gentille. Derrière la soif de sexe de CupcakKe, sous la fureur de ses raps et malgré la dureté de ses titres, se cache une morale en faveur de la libération des femmes et des moches. Couplés à ses passages les plus mélodiques, ils ont fait d'Elizabeth Harris quelqu'un de beaucoup plus grand public qu'elle n'en laisse l'impression.
JEAN DEAUX - Soular System Vol. I: Dark Matters (2014)
La comparaison qui s'est imposée concernant Jean Deaux, est celle avec Lauryn Hill. Comme elle, elle chante tout autant qu'elle rappe. Elle touche à tout, au hip-hop, au R&B, aux ballades au piano, à la dance-pop, au jazz, à des sons évaporés qu'on aurait qualifiés autrefois de trip hop et à des choses plus expérimentales. Le tout avec quelques grosses réussites, sur ce projet gratuit.
DEJ LOAF - Sell Sole (2014)
Un single, et tout changeait. Avec "Try Me", Dej Loaf s'affranchissait du style backpacker. Elle sortait de l'underground et elle allait collaborer bientôt avec les cadors du rap. Sur Sell Sole, la mixtape de la révélation, la timide rappeuse de Detroit devenait tout à coup plus rude, agressive et délurée, même si sa musique, elle, se montrait le plus souvent atmosphérique et contemplative.
DESSA - A Badly Broken Code (2010)
Slammeuse, écrivaine, professeure de musique, Dessa délivre un rap à son image. Il porte sur des sujets matures et intimes (souvenirs d'enfance, amitiés indéfectibles, déboires relationnels...), et il est prompt au spoken word, voire aux chants. La rappeuse du collectif Doomtree est aussi ouverte aux "vrais" instruments, lesquels ne sont pas étrangers à la qualité de son premier album.
DONMONIQUE - Thirst Trap (2015)
Thirst Trap, c'était du rap new-yorkais, comme le montraient ses boucles, ses basses lourdes, ses petites notes de piano inquiétantes, ainsi que la voix basse et menaçante de la rappeuse. Mais comme l'indiquait le titre, d'autres influences étaient en jeu, de la trap music au style ratchet californien. Ici, DonMonique revigorait le rap de la Grosse Pomme plutôt que de le répéter.
DREEZY - Schizo (2014)
Il y a deux Dreezy. D'un côté, il y a la rappeuse drill music violente et abrasive, et de l'autre il y a celle qui s'adonne à la confidence et à l'introspection. Une fois signée chez Interscope, elle privilégiera souvent le second registre. Mais avant cela, sur Schizo, une mixtape qui affirme sa nature duale, la rappeuse de Chicago dévoile encore sa face brutale, celle qu'on préfère, la plus marquante.
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EEKWOL & MILS - The List (2007)
Sur The List, la Canadienne Eekwol prouve qu'elle n'est pas seulement la porte-parole de la culture crie. Dans le registre du "rap conscient", l'Amérindienne dévoile des thèmes plus larges, appel à la responsabilité individuelle, ou au ré-enchantement du monde, sur cet album très bien servi par son producteur attitré, son propre frère Mills, qui affiche cette fois son nom en toutes lettres.
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FIGURES OF SPEECH - The Last Word (2007)
Si Ava DuVernay est devenue célébre, c'est en tant que réalisatrice. Cependant, vingt ans avant la sortie du film très remarqué Selma, elle était une rappeuse, et se produisait avec sa comparse Jyant sur la scène du Good Life Café. Le duo n'aura sorti aucun album, mais en 2007 le producteur Omid rend hommage à ces Freestyle Fellowship au féminin, grâce à cette compilation de vieux titres.
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GANGSTA BOO & LA CHAT - Witch (2014)
Vingt ans après leurs débuts, les deux rappeuses historiques de Memphis sortaient un projet commun sous le signe de la sorcière, un thème évident pour une scène qui a toujours privilégié l'horreur et les forces obscures. Dessus, avec quelques titres mémorables, ces deux femmes que l'on avait parfois voulu opposer démontraient au contraire, toujours vaillantes, leur étroite complicité.
TOMMY GENESIS - World Vision (2015)
Au beau milieu des années 2010, les gens d'Awful Records nous proposent un rap bizarre, glauque et éclectique. Dénichée au Canada, autour de Vancouver, l'étudiante en arts Tommy Genesis est chez eux dans son élément, avec son rap étrange, original et varié où se retrouvent les outrances de la trap, des ambiances évaporées et des sons aux couleurs des musiques électroniques.
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JEAN GRAE - Jeanius (2008)
Au sein de cet underground hip-hop qui s'attache coûte que coûte à préserver le boom bap et le rap lyrical de la scène new-yorkaise des années 90, Jean Grae est la reine. Associée à cet autre traditionaliste qu'est le producteur 9th Wonder, la rappeuse originaire d'Afrique du Sud l'a prouvé sur cet album très prisé des backpackers, préservé de l'oubli par l'entremise de Talib Kweli.
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ANGEL HAZE - Reservation (2012)
Drôle d'existence que celle d'Angel Haze, rappeuse d'ascendance cherokee et noire, élevée au sein d'une secte religieuse et victime d'abus sexuels dans son enfance, devenue une figure queer du rap. Ayant été un temps la compagne d'Ireland Baldwin, son image a été très showbiz. Sa mixtape Reservation, toutefois, a montré qu'il y avait de la substance derrière le personnage public.
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HONEY COCAINE - Thug Love (2013)
Plus tard, Honey Cocaine changera son nom pour un plus consensuel Honey C, et elle arrondira quelques angles. Mais pour l'heure, sur Thug Love, la protégée de Tyga se fait canaille, sulfureuse et insolente. Hormis par ses origines cambodgiennes et par sa nationalité canadienne, elle dénote peu à l'époque de la trap. Mais cette sortie, sa mixtape de référence, se révèle très efficace.
JUNGLEPUSSY - Satisfaction Guaranteed (2014)
Junglepussy, un pur produit du New-York bohème, branché et progressiste, s'adonne à l'exercice éternel de l'égo-trip. La satisfaction qu'elle entend garantir sur cette mixtape, en effet, est avant tout la sienne. Ce qu'elle affiche, c'est son orgueil. Ce qu'elle proclame, c'est sa supériorité. Ce qu'elle défend, c'est son bon plaisir, et celui de toutes les femmes influentes qu'elle représente ici.
KAMAIYAH - A Good Night in the Ghetto (2016)
Kamaiyah perpétue sur A Good Night in the Ghetto la tradition rap californienne, de ce g-funk dont on retrouve ici la souplesse et les sirènes, au style ratchet représenté par YG, seul invité de marque sur la mixtape. La rappeuse d'Oakland revient aussi à un rap léger et joyeux, sur ce projet qui célèbre les plaisirs du pauvre, ceux, simples, qui égayent la grisaille du ghetto.
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KAMAIYAH - Got It Made (2020)
Quelques années après ses débuts et de grandes promesses concernant sa carrière, Kamaiyah nous revient avec une humeur vindicative. Il n'est plus seulement question de prendre du bon temps, mais aussi de colère, de revanche et de vélléités d'indépendance pour celle qui se présente désormais, non sans arguments, comme "la putain de reine de la merde West Coast".
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KASH DOLL - Brat Mail (2018)
Elles étaient nombreuses, les "dolls", à la fin des années 2010. Mais Arkeisha Knight a été la plus éminente, avec ses collaborations de première classe. Ses projets, eux, ont été inégaux, mais on peut distinguer celui-ci, très court, que Kash Doll consacra à sa soi-disant richesse et à son statut d'égérie des réseaux sociaux, dans un registre plus proche d'Atlanta que de sa ville de Detroit.
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KATIE GOT BANDZ - Bandz and Hittaz (2012)
Histoire de situer le personnage, Katie Got Bandz purgeait une peine en prison au moment même où le tube "I Need a Hitta" cartonnait auprès de la jeunesse de Chicago. Ce succès l'inciterait à se mettre au rap pour de bon. Sur cette première mixtape, en se montrant aussi dure et intimidante que ses pairs masculins, elle ouvrait une voie aux rappeuses drill, elle devenait leur reine.
LADY LESHURR - Friggin L (2011)
Lady Leshurr, c'est la rappeuse anglaise à freestyle des années 2010. C'est en effet par sa série des "Queen Speech" qu'elle se fera connaître. Mais avant cela, Friggin L aura été sa mixtape de référence, à tel point qu'elle baptisera ainsi sa ligne de vêtements. Avec sa réinterprétation du "Look at Me Now" de Chris Brown, c'est elle aussi qui a attiré une première fois l'attention des Américains.
LEIKELI47 - Acrylic (2018)
Leikeli47 se cache derrière une vilaine cagoule, et pourtant, elle parle de beauté et de soins du corps. Son projet le plus remarqué traite de l’acrylique, cette matière dont sont faits les faux ongles, et dont l'odeur évoque les salons de manucure afro-américains, ces lieux de sociabilité à partir desquels, sur ce project composite, la New-Yorkaise déploie tout son univers personnel.
LIL DEBBIE - Debbie (2016)
Le White Girl Mob, cette bande de filles blanches basées du côté de la Baie de San Francisco, n'aura pas vécu longtemps. Sa figure de proue, Kreayshawn, a disparu bien vite, de même que V-Nasty, malgré sa collaboration avec Gucci Mane. N'est restée que Lil Debbie, dont les sorties inégales ont offert quelques titres mémorables, comme celle-ci, qui portait tout simplement son nom.
LIZZO - Cuz I Love You (2019)
Il faut savoir battre le fer tant qu'il est chaud, et c'est précisément ce à quoi s'emploie Lizzo sur cet album triomphal. A une époque où l'agenda s'y prête, elle représente avec éclat la body positivity. L'ancienne rappeuse underground qui travaillait avec les gens de Doomtree s'affiche auprès du grand public comme une diva rap-soul débordante d'optimisme, à la joie communicative.
AMBER LONDON - 1994 EP (2012)
On ne voit pas Amber London sur la pochette de cette mixtape. On n'y voit même pas de femme. Et pour une bonne raison. Comme ses amis du Raider Klan, la rappeuse s'efface. Elle oublie son époque pour réinvestir le rap des années 90, fut-il celui de son Texas d'origine, celui de Memphis ou, surtout, le g-funk californien, approprié à la perfection sur l'excellent "Low MF Key".
LORD NARF - Witchcraft (2016)
La bande d'Awful Records, ce sont des gens qui ont grandi avec le rap, pour qui cette musique va de soi, mais qui ne cherchent pas à en être les gardiens. Au contraire, ils en font tout ce qu'ils veulent, comme le démontre ici Lord Narf. Celle-ci fait preuve d'une incontestable dextérité verbale, mais elle pose sa voix hypnotique de sorcière sur des sons bizarres, inconfortables et fantomatiques.
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M.I.A. - Kala (2007)
Kala est l'album de l'apogée pour l'Anglaise M.I.A., celui du morceau "Paper Planes", devenu un tube international après s'être retrouvé dans le film Slumdog Millionnaire. Il n'est pourtant pas très différent du précédent, usant encore d'une musique mondiale bien plus étendue que le simple rap, pour faire part derrière les sons légers et les rythmes enjoués d'observations politiques.
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NICKI MINAJ - Beam Me up Scotty (2009)
Dans les années 2010, la superstar du rap au féminin est Nicki Minaj, sans contestation possible. Mais le succès de celle qui a été, à l'origine, une protégée de Lil Wayne, s'est construit d'abord sur le circuit des mixtapes, dont celle-ci, la troisième, la meilleure, est la plus décisive. Car sur Beam Me Up Scotty, bien plus que la chanteuse pop, c'est encore la rappeuse d'exception qu'on entend.
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NICKI MINAJ - The Pinkprint (2014)
Après 2010, Nicki Minaj la rappeuse à mixtapes devient la superstar féminine tout public. La qualité de ses albums est alors la victime de sa soif de succès. Cependant The Pinkprint, qui se veut la réponse féminine au Blueprint de Jay-Z, n'est pas loin d'atteindre son objectif. On y retrouve à nouveau Nicki la rappeuse, et même dans ses moments Céline Dion, Minaj est convaincante.
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MERYL - Jour avant caviar (2020)
Meryl, la toplineuse française, passe au premier plan. Après avoir travaillé dans l'ombre pour SCH, Soprano, Shay ou Niska, elle s'expose à la lumière. Et la Martiniquaise ne perd rien de ses talents mélodiques, sur cette "mixtape" variété-rap de qualité, où se mêlent avec une certaine réussite les influences de la chanson française, de la trap américaine et des musiques caribéennes.
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AKUA NARU - ...The Journey Aflame (2011)
Au petit royaume du rap respectable, Akua Naru est un fantasme. La rappeuse originaire coche toutes les cases. Son hip-hop est calme et sensuel. Il est ancré dans la noble tradition de la musique afro-américaine. Il est poétique, et verse parfois dans le spoken word. Il côtoie d'autres figures du rap arty et lettré. Qui plus est, produit par les Allemands de Drumkidz, cet album est une réussite.
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RICO NASTY - Nasty (2018)
S'étant d'abord fait connaître pour sa "sugar trap", une musique faussement ingénue qui parait des couleurs de l'enfance les thèmes de la drogue et du sexe, Rico Nasty évolue. Sur Nasty, avec l'appui de Kenny Beats, elle devient une furie punk. Avec les titres abrasifs "Trust Issues", "In The Air" et "Rage", la rappeuse du Maryland nous apporte son meilleur projet à ce jour.
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NEILA - Better Late Than Never (2009)
La meilleure période de la rappeuse hawaïenne Neila, c'est celle de la détresse et de la maladie, à l'orée des années 2010. Sorti une fois encore avec l'aide de Deeskee, l'activiste de la scène West Coast Underground qui l'a fait connaître, cet album en témoigne, avec son équilibre parfait entre morceaux sinistres, passages plus enjoués et l'apport décisif de ses comparses californiens.
NEILA - Only This One Counts (2011)
Apparue auprès de la clique californienne de LA2theBay et basée à Hawai, Neila a sorti avec régularité de bons albums méconnus. Celui-ci, cependant, a une saveur particulière : il est amer. Au bord du gouffre et la voix abîmée, la rappeuse lutte alors contre un cancer. En conséquence, avec le bien nommé Only This One Counts, elle propose son album le plus sinistre, le plus poignant.
NONAME - Telefone (2016)
Apparue dans l'ombre de Mick Jenkins et de Chance the Rapper, Noname représente la face arty et intellectuelle du rap de Chicago. Formée à la poésie et au slam, tirant profit de sons jazzy doux et légers, elle livrait avec cette mixtape faussement naïve une sorte de roman d'apprentissage. Son histoire, à la fois triste et gaie, racontait la perte de son innocence, la sortie de son insouciance.
PRINCESS NOKIA - 1992 (2016)
Princess Nokia est un pur produit new-yorkais. Progressiste dans ses propos (féministes, pro-queer, contre la tyrannie de la beauté, fiers d'une origine portoricaine), comme dans sa musique (ouverte, éclectique et électronique), elle atteignait l'apogée d'une carrière mi-figue mi-raisin sur cette sortie auto-produite, rééditée plus tard en version officielle par les Anglais de Rough Trade.
QUEEN KEY - Your Highness (2016)
Queen Key, c'est l'incarnation même du féminisme à la mode du rap US : une insolence incroyable, un hédonisme sans frein, une évocation sans pudeur de ses appétits sexuels, une relation aux hommes comme s'ils étaient des objets. Sur cette mixtape imparfaite mais attachante, la rappeuse de Chicago faisait part de tout cela avec une gouaille craquante et un humour irrésistible.
RAPSODY - Laila’s Wisdom (2017)
Rapsody a été comparée à Kendrick Lamar, son collaborateur occasionnel, et pour une bonne raison. C'est le même rap adulte en quête de respectabilité, de la musique pour la critique, qui cherche à rejoindre et à magnifier un vaste et prestigieux héritage culturel afro-américain. C'est un hip-hop social, "lyrical" et "conscient" en voie de muséification, mais avec des fulgurances et du talent.
NADIA ROSE - Highly Flammable (2017)
L'Anglaise Nadia Rose est la cousine de Stormzy. Elle est aussi la fille d'un DJ et MC de dancehall. La musique, donc, elle est tombée dedans, elle la pratique naturellement, comme le démontre cette sortie courte entamée de main de maître par l'excellent single "Skwod", cet EP enflammé emporté sur un tempo rapide par un torrent de jeux de mots et par une cascade de punchlines.
RUMI - Hell me WHY?? (2007)
Les Japonais sont étonnants. Ils s'approprient de façon patentée la musique occidentale, et ils sont capables de l'entraîner sans gêne aussi bien dans le kitsch le plus infâme, que dans l'expérimentation la plus totale. La rappeuse Rumi fait tout à la fois, sur cet album excentrique et hystérique, sur ce projet tout autant déjanté qu'accrocheur, sur ce disque aussi insolite qu'abordable.
SA-ROC - Nebuchadnezzar (2014)
Sa-Roc n'ignore pas les racines du hip-hop. Son pseudo, elle le doit à Sha-Rock des Funky 4+1, la première grande rappeuse. Sa marque de fabrique, ce sont des références antiques et ésotériques comme on en trouvait chez le Wu-Tang et le X-Clan, et avant eux chez Sun Ra. C'est un rap "lyrical" et engagé de backpacker, qu'elle déploie avec succès sur cet album, celui de la révélation.
SASHA GO HARD - Do U Know Who I Am? (2012)
La drill music a beau être âpre et violente, elle ne s'est pas fermée aux rappeuses, bien loin de là. Parmi cette escouade de furies, Sasha Go Hard n'est pas la moins illustre. Apparue dans l'entourage de Chief Keef, appuyée à l'occasion par Young Chop, elle montre dès cette mixtape remarquable que cette musique abrupte et belliqueuse sera également une affaire féminine.
KODIE SHANE - Big Trouble Little Jupiter (2017)
La face féminine de la Sailing Team de Lil Yachtie, c'est Kodie Shane. Et à l'image du collectif d'Atlanta, elle se montrait joyeuse, juvénile et exubérante sur cette mixtape. Quand elle ne donnait pas dans une gravité introspective et dans le R&B (une tradition familiale, sa demi-sœur ayant fait partie de Blaque), elle livrait des morceaux pétulants et malins, comme l'irrésistible "Like a Rockstar".
SNOW THA PRODUCT - Unorthodox (2011)
Claudia Meza a été appelée Snow White du fait de son teint clair. La future Snow Tha Product, cependant, n'est pas une WASP. Elle est d'origine mexicaine et elle fait allusion à ses origines latines sur des titres tels que "Maria Felix" et "Telemundo". Mais elle montre aussi d'autres arguments sur cette sortie fantaisiste, joyeuse, légère, ludique et sexy, où elle se dit non orthodoxe.
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STEFFLON DON - Real Ting Mixtape (2016)
Stefflon Don, c'est en 2016 une nouvelle génération de rappeuses anglaises. Alors qu'en Grande-Bretagne, la scène locale s'est longtemps divisée entre une filière traditionnaliste et l'univers particulier du grime, Stephanie Allen s'inspire du rap américain qui lui est contemporain. Seul rappelle ses origines cet appétit marqué pour les morceaux dancehall, souvent les meilleurs sur cette mixtape.
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SONTIAGO - Steel Yourself (2007)
Quand Sole a quitté le Maine pour fonder Anticon, il a laissé derrière lui ses compagnons des premiers temps. Ceux-ci ont alors poursuivi leur carrière, mais au fond de l'underground, dans la plus grande confidentialité. Parmi eux, il y avait Sontiago, épouse de JD Walker, l'ancien membre avec Sole des Live Poets. Et c'est elle qui pourrait bien avoir sorti le meilleur album de cette scène.
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KATE TEMPEST - Let Them Eat Chaos (2016)
L'Anglaise Kate Tempest n'est pas tout à fait une rappeuse. Elle est une artiste spoken word. Elle est un poétesse et une écrivaine. Elle est une intellectuelle capable de sortir des albums comme celui-ci, qui nous parlent de la solitude de l'individu dans les sociétés contemporaines. Mais enfin, elle se réclame du hip-hop, et ce second album solo très conceptuel a été une indéniable réussite.
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TIERRA WHACK - Whack World (2018)
L'art de Tierra Whack est total. Au cours de cette collection de chansons très courtes (une minute chacune, montre en main), elle passe par tous les flows, par tous les registres de rap, du plus organique au plus synthétique, elle délivre une musique colorée d'où transparait parfois un semblant de noirceur. Et elle illustre tout cela par une suite de vignettes vidéos tout à fait drôles et créatives.
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YOUNG M.A - M.A The Mixtape (2015)
En 2016, avec "Ooouuu", Young M.A. sort l'un des morceaux événements de l'année. Ce titre la place au haut de l'affiche, il impose à un large public sa posture de garçonne ouvertement lesbienne. Cependant, bien avant ce single, elle a déjà mis en valeur ses qualités de freestyleuse. L'année d'avant, cette mixtape les a démontrées, sur le son de quelques-uns des tubes du moment.
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La suite, bientôt...
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