A Los Angeles, la scène rap actuelle ne brille pas par sa présence féminine. Récemment, pourtant, une rappeuse a revendiqué le titre de "Princess of Compton". La carrière de l'intéressée, une dénommée Azjah, n'a certes pas commencé d'un coup. La jeune femme s'est longtemps adonnée aux freestyles et à l'écriture en amateur, avant de faire parler d'elle. Mais il y a peu, un événement a accéléré les choses.

AZJAH - Princess Diaries

En mars 2017, à la suite de la condamnation à vie de son grand frère Cholo pour tentative de meurtre, elle lui a dédié un premier single, "The Warm Up", qui a connu un certain succès viral, et qui a été suivi par un autre "Time For It", encore plus retentissant. Cela a apporté à Azjah la reconnaissance de collègues prestigieux tels que DJ Mustard, YG et Ty Dolla $ign, ainsi qu'un contrat de distribution avec EMPIRE et, dans la foulée, les honneurs de la presse spécialisée.

Sorti en avril, Princess Diaries est l'aboutissment de tout cela. Comme le montre cette pochette où Azjah s'exhibe en gilet pare-balle et un chien en laisse, elle opte pour le rap de rue. Garçon manqué plus que poupée, elle ne met pas en avant son identité féminine. Ses paroles, qui portent sur son labeur et ses responsabilités de délinquante, sont unisexes.

Toutefois, hormis des passages soutenus comme le bondissant "Ride For Me", cet "On A Mission" (avec une autre valeur montante de la ville, 1TakeJay) et le très bon "Play Bout Me", le répertoire adopté est celui, de saison, du gangster mélancolique et résigné, dont le vague à l'âme est amplifié par des sons atmosphériques et des raps chantonnés à l'Auto-Tune. C'est le registre qui domine sur "Time For It", "Testimony", ou sur la chanson d'amour "Back N Fourth".

L'aboutissement de cette approche, c'est "Loved Ones", l'hommage à tous les proches qu'elle a perdus, qu'ils soient morts dans la rue ou autrement. Elle l'interprète ici sur une guitare et de manière suprêmement mélodique, et le conclut par ce cri de détresse : "tell me who you call when all you got is the streets" (dis-moi qui appeler quand tu n'as que la rue).

Ce titre, destiné à être le single clé de l'album, Azjah avait d'abord voulu en faire un banger. Mais la mort de Nipsey Hussle a changé la donne. Elle a précipité l'ensemble de la scène angelena dans une humeur maussade, et la rappeuse a accompagné cette déprime. Bien lui en a pris, car c'est avec ce rap triste et pathétique qu'elle se distingue le mieux.

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