Lady Leshurr est de ceux qui, depuis quelques temps, profitent de la résurgence médiatique du grime. Avec quelques autres comme Skepta ou Stormzy, elle fait partie de ces rappeurs anglais auxquels des Américains accordent désormais une attention toute particulière. Elle a fait à nouveau parler d'elle, ces tout derniers mois, avec une série de freestyles intitulés "Queen's Speech", dont le quatrième a fait l'objet d'un spot publicitaire pour Samsung, l'exposant ainsi à un très large public. Et dans ses interviews récentes, il a été question de collaborations possibles avec des poids lourds de la production en Amérique, comme Bangladesh et Timbaland.
Ce n'est pourtant pas la première fois que Lady Leshurr fait figure d'artiste prometteuse, ni même qu'elle se fait remarquer Outre-Atlantique. Cela est déjà arrivé en 2011, avec sa troisième (voire sa quatrième, selon les décomptes) mixtape, Friggin L, une sortie si capitale dans la carrière de la Britannique qu'elle nommera ainsi sa future ligne de vêtements.
Annoncée par une réinterprétation du "Look at Me Now" de Chris Brown, dont la vidéo, une parodie de l'originale, fait un carton sur le Web, cette sortie attire alors les regards de personnalités comme Lil Wayne et Trey Songz. La notoriété de la rappeuse fait encore un bond ensuite, avec le succès du single "Blazin’", conçu avec le duo de producteurs Torqux. D'après ses dires, de gros labels lui font alors des offres, qu'elle décline, refusant qu'ils contrôlent son image et l'entraînent dans une rivalité fictive avec Nicki Minaj.
Ces aventures disent quelque chose sur Lady Leshurr : bien qu'anglaise, sa musique a un fort tropisme américain.
Certes, la rappeuse s'est d'abord fait connaître auprès de la scène grime. Après avoir joué un rôle important dans un film sur la vie des gangs (1 Day, en 2009), elle a été adoubée par quelques figures du genre et s'est relocalisée près d'eux, à Londres. Et son style, fait en majeure partie de freestyles, d'un rap en mode double time et de sons issus des musiques électroniques (on l'a vue collaborer avec Orbital, vétérans de l'electronica), a toutes les caractéristiques de cette musique.
Cependant cette citoyenne de Birmingham qu'est Melesha O'Garro, dont les grosses références sont Eminem, Missy Elliott et Busta Rhymes dans leurs moments les plus extravagants, exploite tout aussi bien ses influences américaines.
C'est évident sur Friggin L. Cette mixtape à l'ancienne (une suite de freestyles sur des musiques chipées aux autres) ne se contente pas de recycler Chris Brown. D'emblée, c'est le mastodonte de Rick Ross, "B.M.F", qu'elle investit avec son débit rapide. Puis vient le tour du "6 Foot 7 Foot" de Lil Wayne et Cory Gunz. S'émancipant de son phrasé habituel, elle imite aussi Nicki Minaj sur "Pizzin' On 'Em", et de manière très convaincante, sur la musique de "Did It On 'Em".
Il n'y a guère qu'à la fin qu'elle rappelle ses origines : quand cette Anglaise d'ascendance caribéenne tourne dancehall sur "Touch a Follow Button", et quand elle redevient 100% grime, en rappant sur le "Game Over" de Tinchy Stryder.
C'est alors la seconde fois que Lady Leshurr s'accapare ce morceau. Elle l'a fait déjà, l'an passé, avec sept autres rappeuses anglaises, le temps d'un retentissant manifeste féministe. Mais cette fois, sur Friggin L, c'est bel et bien son manifeste rien qu'à elle, que la Britannique nous propose.
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