Mon dieu, mais quelle horrible année. Pas de sortie, pas de fête, pas de sociabilité, et à la place la menace perpétuelle d'être atteint d'une grippe perverse et de contaminer ses grands-parents. Pas de concerts bien sûr, pas moyen de profiter de bon son à l'extérieur avec des gens. Tout juste la litanie des faits divers, avec son nouveau cortège macabre de rappeurs tués : Pop Smoke, King Von, Lil Yase, Bandgang Jizzle P, Bandgang Paid Will... On en oublie bien sûr, et on ne mentionne pas ceux morts d'une autre cause, tel que Malik B. des Roots, ou ce bon vieil MF Doom... Heureusement, il y a la musique, me direz-vous. Celle-ci ne s'arrête pas, et il est aisé d'en écouter chez soi. Mais même à ce niveau-là, ça n'a pas toujours été l'extase.
Alors que la décennie précédente avait démarré sur les chapeaux de roue, la nouvelle semble avoir un départ plus poussif, question rap. En 2020, nous sommes envahis par des sous-Young Thug bien loin d'égaler le maître, et ça c'est déprimant. Le rap en France, c'est plus que jamais le rap français, et ça c'est déprimant. La seconde division du rap new-yorkais moderne (Griselda) suscite un engouement exagéré, et ça c'est déprimant. Heureusement, nous avons pu compter sur quelques vieilles valeurs sûres qui, depuis 10 ou 15 ans, font preuve d'une grande constance. Par chance, il y eut aussi une demi-légende new-yorkaise sur le point de sortir de prison, des revivalistes boom bap audacieux, des rappeurs pour perpétuer la tradition d'innovation à Atlanta, et quelques autres encore. Et puis il eut toujours cette ville et ses alentours, Detroit, qui depuis un peu plus de cinq ans, cumule les projets les plus vivants et les plus exaltants. On en retrouvera quelques-uns dans la sélection ci-dessous, dont le classement est tout à fait arbitraire, tant il était difficile de définir un grand gagnant en cette année, tant il est ardu de distinguer un seul projet d'une foule d'autres, malgré tout globalement réussis.
# 15. MAX B - Charly
Plus sa libération s'annonce, plus Max B nous rappelle son existence. En plus de la compilation Wave Pack, le New-Yorkais a sorti en 2020 cet EP de qualité irréprochable, fait de cinq titres où l'on entend tout autant la mélancolie que lui ont causée sa vie et sa carrière gâchées, qu'une certaine exaltation, qu'une forte envie d'en découvre, à mesure qu'il approche du bout du tunnel.
# 14. MOZZY - Beyond Bulletproof
Mozzy reste Mozzy. En disciple revendiqué de The Jacka, il décrit toujours son sombre quotidien de garçon de la rue, il nous parle de son quartier et de ses habitants damnés, avec un pessimisme et un fatalisme abyssaux. Cet album pourtant, agrémenté de mélodies, de guitares mélancoliques et de chants suaves, est le plus accessible du rappeur phare de la scène de Sacramento.
# 13. RIO DA YUNG OG - City On My Back
Après une année très prolifique où, assigné à résidence pour une histoire de drogue, le rappeur de Flint a sorti une palanquée de projets, il s'est concentré en 2020 sur ce qui pourrait bien être son œuvre maîtresse. City On My Back, en effet, est la plus propre et la plus peaufinée de ses sorties, même si Rio Da Yung OG est encore loin de faire des compromis avec son rap de voyou patenté.
# 12. KAMAIYAH - Got It Made
Désignée parmi les Freshmen de 2017, Kamaiyah avait une avenue devant elle. Mais au lieu de l'emprunter, elle a coupé les ponts avec son label. Et quelques années après avoir exalté les plaisirs simples du ghetto, elle y revient. Elle est loyale aux fondamentaux de sa Bay Area, avec Too $hort, avec sa musique synthétique et sautillante, avec aussi sa féroce volonté d'indépendance.
# 11. BABY SMOOVE - Im Still Perfect
Baby Smoove est toujours parfait, à en croire le titre de cet album, la meilleure de ses sorties en 2020. Et on est bien tenté de lui donner raison. Avec abandon, détachement et désinvolture, le rappeur de Detroit n'a qu'à marmonner pour marquer les esprits. Qu'il parle de son vague à l'âme, qu'il menace ses adversaires ou qu'il exalte son aisance matérielle, cela fait toujours son effet.
# 10. A-WAX - Pullin' More Stringz
Pullin' Strings, quelques années plus tôt, avait été la grande oeuvre d'A-Wax, l'apogée de sa longue carrière. Pullin' More Stringz, en 2020, en a été la suite. Il a été un autre grand disque dépressif sans tube mais homogène, une longue plongée dans les névroses et les désillusions d'un mauvais garçon, délivré sur des sons tristes de guitares, voire de pianos. Et cela a été une autre réussite.
# 09. YOUNG NUDY - Anyways...
Sa notoriété s'est renforcée en 2019, avec le projet Sli'merre, des collaborations remarquées et son arrestation, en compagnie de son cousin 21 Savage. Et pourtant, c'est avec un album présenté comme une simple mixtape que Young Nudy a enchaîné, sans invité, sans producteur célèbre. Il a persisté avec son rap nihiliste, immoral et bizarre, comme pour mieux proclamer son authenticité.
# 08. NUK X JOSE THE PLUG - Red Tape
Dans la promotion 2020 de Detroit, figure Nuk. Le rappeur d'East Side est la tête de proue de l'écurie Big Godz Worldwide, qui comprend aussi la fille la plus visible de cette scène, Mo Money. Celle-ci est d'ailleurs très présente sur ce premier volume de la série Red Tape où, comme tant d'autres avant lui, Nuk confirme que le rap de sa ville est toujours le plus excitant de son époque.
# 07. STOVE GOD COOKS - Reasonable Drought
Quand Roc Marciano ne sort pas de grands albums sous son nom, il produit de main de maître ceux des autres. Tel est le cas avec cette sortie de Stove God Cook$, ancien Aaron Cooks. Comme son pseudonyme l'indique, cet auto-proclamé Dieu des Fourneaux délivre ici une petite merveille de cocaine rap, rejoignant avec elle la première division des clacissistes de la Côte Est.
# 06. AMINE - Limbo
Qualifier un second album de "disque de la maturité" est un horrible cliché journalistique. Et pourtant, il se légitime dans le cas de Limbo. Dans une veine musicale introspective assez proche de Drake (à qui il a emprunté quelques collaborateurs), mais en plus ludique, Aminé a réussi ce deuxième projet officiel, qui se présente pour une bonne part comme un adieu à l'innocence.
# 05. PRESERVATION - Eastern Medicine, Western Illness
Preservation a fait partie de Sonic Sum, il a accompagné Mos Def, il a collaboré avec Ka. C'est toute une tradition, celle d'un boom bap underground et classieux qu'il a toujours représenté, jusqu'à cet album qui réunit les héritiers de ce style (Roc Marciano, Billy Woods, Mach-Hommy et d'autres encore), sur des samples de musique chinoise dénichés pendant un séjour à Hong Kong.
# 04. STARLITO - Paternity Leave
En 2019, Starlito avait fait une pause pour s'occuper de sa fille. Mais en 2020, il est revenu comme si de rien n'était, avec toujours son rap en berne. Sa qualité de père lui a rappelé que le sien lui avait manqué, elle n'a rien arrangé à sa situation conjugale, et il s'est réveillé dans le monde de George Floyd et de la COVID. Pas de quoi se réjouir, donc. Hormis pour son génie, qui reste intact.
# 03. KA - Descendants of Cain
Après avoir parlé de samouraïs et de mythologie grecque, Kaseem Ryan se penche sur la Bible. Cet album cite abondamment le Nouveau comme l'Ancien Testament. A partir du mythe de Caïn, le fils d'Adam puni par Dieu, Ka parle de sa condition et de celle de ses semblables du ghetto, avec une écriture riche qui, à l'instar du livre saint, pourrait nourrir des siècles et des siècles d'exégèse.
# 02. BANDGANG LONNIE BANDS X BANDGANG JAVAR - The Scamily
Detroit est encore en feu en 2020. Et à Detroit, BandGang est au centre du jeu. C'est encore ce que démontre l'un de ses plus éminents représentants, Lonnie Bands, en compagnie d'un autre membre fondateur de ce collectif entre groupe de rap et bande de voyous. Cette sortie à deux, où se pressent aussi toutes les grandes figures de la ville, est l'une de ses meilleures cette année.
# 01. R.A.P. FERREIRA - Purple Moonlight Pages
Héritier lointain du vieil underground rap, Milo poursuit son chemin sous son vrai nom. Il continue à livrer ses divagations poétiques, il persévère avec son rap de chambre, mais avec une musique jazzy, assurée par un trio emmené par Kenny Segal, et qui a rarement été si inspirée. Si Purple Moonlight Pages n'est pas le meilleur album de Ferreira, il est probablement son plus accessible.
LE CLASSEMENT DES LECTEURS
Année bizarre, dans l'absolu, pour le rap, et plus particulièrement pour le rituel référendum Fake For Real. On a en effet bien moins voté cette année que les deux précédentes. Voici donc cette fois une sélection plus ressérée, mais pas moins pertinente pour autant, loin de là.
- KA - Descendants of Cain
- BOLDY JAMES - Manger On McNichols
- ROC MARCIANO - Mt. Marci
- YOUNG NUDY - Anyways…
- FREDDIE GIBBS - Alfredo
- BOLDY JAMES & THE ALCHEMIST - The Price of Tea in China
- A-WAX - Pullin' More Stringz
- RIO DA YUNG OG - City On My Back
- DRAKEO THE RULER - Thank You For Using GTL
- STARLITO - Paternity Leave
- R.A.P. FERREIRA - Purple Moonlight Pages
- MOZZY - Beyond Bulletproof
- FREEZE CORLEONE - LMF
- UN AMOUR SUPREME - Ezekiel EP
- E. ONE - Datura Statera
- SAHBABII - Barnacles
- CURRENSY & HARRY FRAUD - The OutRunners
- ARMAND HAMMER - Shrines
- AUSGANG - Gangrène
- RAMIREZ & ROCCI - Tha Playa$ Manual
- WESTSIDE GUNN - Pray For Paris
- MACH-HOMMY - Mach's Hard Lemonade
- DUKE DEUCE - Memphis Massacre 2
- CONWAY & THE ALCHEMIST - LULU
- PINK SIIFU & FLY ANAKIN - FlySiifu's
- KEY GLOCK - Yellow Tape
- PRESERVATION - Eastern Medicine, Western Illness
- QUELLE CHRIS & CHRIS KEYS - Innocent Country 2
- LAYLOW - Trinity
- BEEDA WEEDA - Mob God
- YOUNG DOLPH - Rich Slave
- GOONEW & LIL DUDE - Homicide Boyz 2
- DRAKEO THE RULER - We Know The Truth
- MARLOWE - Marlowe 2
- M HUNCHO - Huncholini The 1st
- CASH KIDD - No Socks
- ISHA - La Vie Augmente 3
- BBYMUTHA - Muthaland
- V DON & WILLIE THE KID - Deutsche Marks 2
- AONE - Life After Prison
AUTRES SORTIES NOTABLES
Et maintenant une poignée d'autres projets abordés ci et là sur ces pages, qui n'ont pas été choisis parmi les meilleurs de l'année, mais qui ne méritent pas d'être oubliés pour autant.
La meilleure rappeuse de France, au fond, a toujours été une rockeuse. Par sa fureur de dire et de dénoncer, par son besoin de vilipender la société plutôt que de s'engager dans un délire égotiste, elle se rattache à cette école. Cette musique est la sienne. C'est évident sur cet album, tant sa rage s'épanouit avec le groupe Ausgang, quand elle se double de la colère et du bruit des guitares.
Max B devrait enfin sortir de prison en 2021. Et comme pour nous rappeler à son bon souvenir et nous préparer à son retour, après un EP inédit en 2019, c'est au tour de Wave Pack d'apparaître en 2020, un longue compilation de morceaux sortis pendant sa dernière période de liberté, au cours des années 2007 à 2009, quand le rappeur de Harlem dominait le circuit des mixtapes.
Cash Kidd est l'un des comiques de Detroit. Dans un déluge de bons mots, il ne parle à peu près que d'une chose : des filles, celles qu'il traite comme un objet, celles dont il préfère la bouche à l'entrejambe, mais celles aussi, retorses, qui usent de lui et le font tourner en bourrique. Il le fait sur des titres d'autant plus accrocheurs que, par-dessus, il chantonne les mélodies de tubes du passé.
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Vue de loin, Chika ressemble à un énième fantasme critique. Engagée dans le mouvement "Black Lives Matter", critique envers les positions pro-Trump de Kanye, emblème de la "body positivity" et de la cause LGBT, il se pourrait qu'on la loue pour les mauvaises raisons. Cependant, cet EP plus introspectif, à la fois créatif et accrocheur, a confirmé qu'il y avait autant de talent que de substance.
A partir de 2019, en plus des multiples sons qu'il délivre dans tout le Michigan, le rappeur et producteur DamJonBoi nous mitraille de sorties. Parmi toutes celles-ci, Paranormal est l'une des plus remarquables, dans ce style qui n'a d'autre objet que de délivrer la quintessence du style de Detroit, moralement très discutable, mais musicalement énergique et souvent irrésistible.
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Après deux ans d'une hype justifiée, il est temps pour la UK drill d'en récolter les bénéfices. Le premier à s'atteler à la tâche en 2020, c'est DigDat, le rappeur de Lewisham remarqué auprès de Headie One. S'inspirant du biopic d'Eminem, il s'affirme sur ce premier album comme le lyriciste du lot, jouant de duos et d'un style battle, offrant au genre quelques autres pièces remarquables.
DUKE DEUCE - Memphis Massacre 2
Duke Deuce s'est mis en tête de faire revivre le crunk, et plus généralement de rendre hommage à l'ensemble de la riche tradition rap de sa ville, Memphis. Mais il ne s'agit pas pour autant d'un simple calque. Le revivalisme du fils du producteur Duke Nitty est aussi une réactualisation. Chez ce rappeur signé chez Quality Control, on entend beaucoup des acquis de la trap music d'Atlanta.
FLEE LORD & MEPHUX - Pray For The Evil
Avant de trainer avec les gars de Griselda, Flee Lord a été un proche de Prodigy. Avec Havoc, il lui a même consacré un album hommage à la fin de 2020. Son meilleur cette année, cependant, aura été plutôt Pray For The Evil, dont le rythme lent, menaçant et appuyé, et le travail admirable du producteur de Boston Mephux, perpétuent en effet la musique et l'esprit de Mobb Deep.
GOONEW & LIL DUDE - Homicide Boyz 2
Goonew et Lil Dude continuent sur la lancée du projet qui les a révélés au début 2018, Homicide Boyz. Fidèles à eux-mêmes, avec juste ce qu'il faut de variations, les deux rappeurs du Maryland continuent à dérouler leur rap menaçant et inquiétant, avec cette musique minimaliste et ces chuchotements si caractéristiques, qui ne font qu'appuyer et renforcer leur aspect dangereux.
Grip, c'est l'autre face du rap d'Atlanta. Après l'album-concept Snubnose en 2019, il a enchaîné, en cette année de confinement, par deux EPs conçus avec le producteur Tu. Appuyé par JID et Kenny Mason, parfois doté d'une puissance rock, le second met en valeur des qualités de lyriciste à travers des thèmes typiques de l'underground, critique sociale et dédain envers les suiveurs.
Icewear Vezzo est l'un des quelques artistes de la bouillonnante scène rap de Detroit maintenant signés sur un label important. En l'occurrence, il s'agit aussi du plus emblématique de sa ville, Motown. Et déjà, sur cette mixtape, s'entendent des envies de réussite et de crossover, même si, pour l'essentiel, Drank Baby demeure fidèle au rap de rue âpre et tendu en vigueur en ces lieux.
Avec ce troisième volet de La Vie Augmente, Isha clôt de main de maître sa trilogie. Il est à la fois agressif et dur. Sa musique oscille entre le rap pur et dur, et des choses beaucoup plus jolies. On ne sait jamais si Isha est un méchant ou un gentil, un coupable ou une victime, un gangster ou un rappeur fragile. Mais ce sont précisément ces contradictions qui font tout l'intérêt du personnage.
En 2019, Key Glock s'est illustré auprès de son cousin et parrain Young Dolph, avec Dum and Dummer. L'année suivante, il a repris sa carrière solo avec deux projets, à commencer par cette Yellow Tape. Pas d'invité, en effet, sur cette sortie vouée uniquement à célébrer sa réussite, mais assez de variations dans les flows et les productions pour en faire l'un des albums attachants de 2020.
LEVEL - Jigga City Trigga City
On le sait bien du côté de Baton Rouge. C'est dans les boîtes de nuit remplies de thugs, de drogues et de filles faciles, que prolifèrent et s'épanouissent les meilleures musiques du monde. Trépidant, bondissant, plein de rythmes implacables et de synthétiseurs qui font un tintamarre de carnaval, cet album de Level, comme beaucoup d'autres, en apporte une nouvelle fois la preuve.
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Meryl a commencé comme toplineuse, elle a été une faiseuse de tubes, au service des têtes d'affiche du rap francophone. Et cela s'entend. La Martiniquaise mélange beaucoup de styles, trap, dancehall, zouk ou variété française, reflets de son parcours et de son origine entre deux mondes. Mais tout cela est uni par une musique indéniablement mélodique et accrocheuse.
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Rap de Detroit, toujours et encore, avec l'un des membres originaux de la Team Eastside de Peezy et de Babyface Ray : D. Nice, ou D-Nice (aujourd'hui tout simplement Nice). Rien de bien distinctif sur cette sortie, rien que du rap de rue de Detroit dans sa formule la plus typique. Simplement de quoi satisfaire un peu plus notre forte addiction pour la meilleure école de rap de notre époque.
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Après avoir aspiré à être une légende, Polo G prétend être le GOAT, the greatest of all times. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il consolide sa place dans le paysage rap actuel avec ce deuxième album globalement réussi où il demeure fidèle à sa musique dépressive et chantonnée, tout en lui apportant une dimension plus large, plus nationale, et parfois même plus politique.
SHOOTERGANG KONY - Red Paint Reverend
ShooterGang Kony vient de la Californie du Nord, et cela s’entend. Dans ses sons parfois électriques et bondissants, on reconnaît sa proximité avec SOB x RBE. Avec son compte-rendu factuel, violent et lugubre de la vie du ghetto, on perçoit sa parenté avec son voisin de Sacramento, Mozzy. De plus, avec succès, il relève le tout d’un pessimisme noir et d’une forte intensité mélancolique.
Baton Rouge, en 2020, c'est Whop Bezzy. Sa musique, bondissante, sautillante, syncopée, et qui fait plus de bruit que toutes les cymbales du carnaval, convient à l'ambiance moite et suffocante des bayous et des bordels de Louisiane, tout comme ses propos hédonistes consacrés à la fête, à la danse, à la drogue, au sexe et aux gros fessiers, où se perçoit toutefois une pointe de mélancolie.
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Parmi tous les rappeurs de Flint révélés autour de 2020 dans la foulée de Rio da Yung OG, YN Jay est sans doute le plus singulier. Son album se distingue par le thème quasiment exclusif de cet adolescent attardé qui se présente comme le "coochie man" (grosso modo, "l'homme à chattes") : le sexe. Il le fait aussi par sa voix nonchalante, trainarde et murmurée, qui s'autorise toutes les facéties.
Le son de Flint, on le doit à ces deux-là. Il remonte au moment où le rappeur de Beecher, YSR Gramz, suggéra au beatmaker Enrgy Beats de produire sa musique dans le style de Detroit, et qu'il tourna cela à sa sauce. En toute logique, cette sortie où ils occupent les premiers rôles est un condensé du rap de la ville, avec ses beats nerveux et son humour de gangster pince-sans-rire.
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