Au bout du compte, on sait peu de choses sur Cash Kidd sinon, d'après ses calembours ("Marc My Word", "Left My Marc"), que son prénom est Marc. A l'origine, il aurait été membre d'un collectif nommé M-Block. Et dans sa bonne ville de Detroit, il se serait fait un nom au milieu de la décennie passée grâce au morceau "On My Mama", un extrait de son album (ou mixtape, qu'importe) de 2014 Bebe Kidd. Mais ce qui est certain, eu égard à la qualité de ses collaborateurs (Icewear Vezzo, Sada Baby, Peezy, BabyTron, Lonnie Bands, 42 Dugg, Doughboy Clay, voire les copains californiens de SOB X RBE), c'est qu'il est installé au cœur du jeu.
Cash Kidd, aussi, est un rigolo. Plus encore que ses collègues, pourtant pas avares en bons mots, il est là pour amuser la galerie. Il l'a montré en 2020, l'année où, distribué par Empire, il a percé au-delà de sa ville à travers les deux éditions de No Socks. En plus des touches de piano précipitées typiques de l'endroit, omniprésentes et agrémentées ça et là d'un steel drum ou d'une nappe de synthé, Cash Kidd pratique du shit talking à la manière de Rio Da Yung OG, lequel participe au posse cut (si d'aventure ce terme s'emploie encore...) "See You". Il multiplie les blagues et les punchlines à propos des filles, des filles, et puis… encore des filles.
L'arrière-plan est celui, habituel, du gangster, mais ce sont elles le seul vrai thème. Une fille est d'ailleurs à l'origine du titre énigmatique de l'album : le morceau "Verified" nous en donne l'explication, quand le rappeur explique s'être réveillé un jour tout nu et sans chaussette d'une relation sexuelle.
Même quand un titre semble s'échapper de ce registre, Cash Kidd parle de ses "bitches". Tel est le cas sur l'excellent "That One Bag", avec BabyTron, lequel ressemble à un morceau de ce dernier avec son beat très freestyle music des années 80, dans la droite lignée des ShittyBoyz. No Socks, ce sont des histoires de sexe dans tous les coins, de femmes qu'on se partage gaillardement ou qu'on méprise éhontément, mais aussi d'autres, retorses, qui vous font tourner en bourrique, comme avec le très bon duo avec Sada Baby, "Unappreciated". Il y a même une chanson de cœurs brisées, "Soul Snatcher", avec Jaiswan. Et elle est tout bonnement splendide.
L'autre particularité de Cash Kidd, c'est qu'il va chercher ses mélodies là où elles ont déjà fait leurs preuves : dans les tubes du passé. Il sait délivrer des raps d'un seul tenant, et déblatérer un long texte avec conviction sur une boucle simple bien comme il faut, comme avec ce tube qu'est "Kiddnapper". Cependant, ici ou là, on l'entend chantonner des airs popularisés par le "When I See You" de Fantasia ("See You"), le "No Scrubs" de TLC ("Have You Seen My Socks?") ou le "No One" d'Alicia Keys ("Proud of Me), histoire de donner à ses chansons un aspect familier. Même si, en vérité, elles n'ont pas besoin de cela pour être irrésistibles.
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