Hip-hop canadien au programme, aujourd’hui, pour cette nouvelle édition des précieuses soirées Submass à Paris, au 21 Sound Bar. Et du premier choix, avec deux des rappeurs les plus singuliers du grand pays froid, deux infatigables hérauts de la scène indépendante locale, Thesis Sahib et Noah23, accompagnés par Kay the Aquanaut, un rappeur de l'entourage du prolifique beatmaker Factor.
Malgré un public clairsement, l’affiche était prometteuse. On gardait en effet un bon souvenir de prestations passées de la moitié des Swashbuckling Napoleons et de Bending Mouth, au même endroit. C’est d’ailleurs ce dernier qui, arborant à l’occasion une foisonnante crête décoloré, ouvre les hostilités. Fort de son flow rapide et chantonnant, Thesis Sahib pioche partout dans son répertoire, obtenant le meilleur accueil quand il puise du côté du prisé Loved Ones. On prend bien sûr plaisir à réentendre tous ces morceaux sauf que… tout cela semble bien court et rapide, torché vite fait mal fait par un rappeur virevoltant, dont le jeu de scène se limite à tourner en cercle dans l’espace limité du 21 Sound Bar qui lui est alloué.
En comparaison, qu’est-ce que le show de Kay the Aquanaut a paru long… L’était-il vraiment, ou est-ce simplement que ses titres n’avaient rien de captivants ? Car sur scène, l’homme se révèle aussi peu passionnant et charismatique que sur disque, avec sa tête d’ingénieur informatique. Il déclame ses titres quelconques d’un flow banal et d’une voix moche, il limite une prestation monolithique à quelques mouvements des bras et du bassin. Et, en dépit des beats enlevés de l’ami Factor, l’attention se relâche. Dans le public, on se remet à discuter, à boire un coup, se souvenant tout à coup que le Twenty One, avant tout, est un bar.
C’est donc avec soulagement que Noah23 prend place. Et cette fois, le public répond aux injonctions du rappeur, qui s'en approche à deux centimètres. Notre homme bouge, il remue un peu du popotin quand il se lance dans un titre funky. Avec lui, il est à nouveau question de diversité, quand il passe du chant à un débit de mitraillette, ou qu'il puise dans sa discographie des titres très mellow, d’autres aux intonations rock, ainsi qu'un morceau drum 'n' bass issu de l'album Quicksand.
C’est bien, donc. Ca s’accélère, ça prend forme. On atteint même un point d’orgue quand, vers la fin, Noah23 se décide à faire du rab’, à rapper sur le "Dancing In The Dark" de Springsteen, à entonner l’excellent "Faded" conçu avec Ceschi, puis à rapper en duo avec Thesis Sahib. Cette conclusion, c’était le clou de la soirée, et pourtant, quelque chose manquait encore… Une faculté à capter le public, à le prendre par les coucougnettes ; un talent de showman, des compétences de performer. Quelque chose qui fait dire que, au bout du compte, et malgré tous ces "real hip hop" et "raise your hand in the air" lancés à tout bout de champ, et qui vont si mal à ce rap-là, Noah23, c’est sans doute plus abouti sur disque qu’en live.
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