Le hasard n’existe pas. Il y a quelques années, l’ancêtre de ce site se singularisait en célébrant toute une vague de nouveaux rappeurs issus de l'underground, la plupart inconnus des fans français de rap. Au premier rang de ces artistes figurait un certain Dose One, ainsi que son groupe Them, futur Themselves, dont le premier album est devenu l’un de nos disques fétiches. Mais parfois, à la marge, il était question sur ces mêmes pages d’autres groupes sans grand rapport avec le hip-hop, comme Hood, célébré au hasard d’une interview, ou The Notwist, loué pour l'album Neon Golden.

13 & GOD - 13 & God

C’est donc avec grand intérêt que, plus tard, nous avons retrouvé Dose One auprès de ces deux groupes. Il a côtoyé Hood le temps du chouette Cold House. Et plus récemment, il a collaboré avec Notwist pour un remix, un EP, puis cet excellent disque de 13 & God. Cette alliance ne nous doit rien. Mais il n’y a pas de hasard. Quelque chose reliait ces musiques d’apparences si distinctes, une démarche ou une affinité commune capable de toucher le même public.

A priori, ce public trépignait d’impatience à l'idée d’un album commun entre Themselves (Dose, Jel, Dax Pierson) et le groupe des frères Gretschmann. Cependant, la première écoute est un peu laborieuse. 13 & God est un album sans tube, il n’a aucune des accroches de Neon Golden, de Them ou de The No Music, hormis un "Men Of Station" qui se rapproche des perles auxquelles nous a habitué Notwist.

Sur cet album, Dose One met en veilleuse son rap d’alien et d'aliéné. Il joue toujours énormément sur les paroles, le phrasé, le timbre, il use de toutes les armes du MC, mais il est moins hystérique. Et curieusement, le passage de relais au chant avec Markus Acher s’opère sans le moindre accroc, avec le plus grand naturel. La musique, aussi, est retenue. Le ton est donné dès le cuivre qui ouvre le premier titre. Ce sera un album suave, tout en murmure et en discrétion.

13 & God n’est pourtant pas un disque difficile. Il est accessible et plein de charme. Mais ce charme est lent, il ne s’instaure et ne se conforte qu’au fil des écoutes. A part des titres tels que "Ghostwork" où jamais la glace n’est brisée, l’ensemble oscille entre le beau et somptueux. Côté beau, il y a "Men of Station", "Tin Strong", et le joli "If". Côté somptueux, un "Superman On Ice" aux cordes belles à chialer.

Tout cela ne permet pas à 13 & God de sortir gagnant du jeu des comparaisons. Cet album ne grillera pas la politesse à ces must-have déjà cités que sont Them, Shrink et Neon Golden. Mais il a de quoi contenter ce tout petit public que Themselves et Notwist partageaient avant même de se rencontrer. Ce tout petit public et bien d’autres gens encore.

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