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Avec 20 Odd Years, Stinkin’ Rich n’a pas tout à fait rompu avec son goût du bricolage et du concept. Avant d’être regroupé sur album, l’essentiel de cette sortie a été distribué au cours des mois derniers via une série de quatre EPs. Pourtant, c’est bel et bien un disque de major que le rappeur nous propose cette fois. Pas des bidouillages, mais un enregistrement propre et maîtrisé, à même de conquérir le grand public, voire le très grand public ; et, comme de bien entendu, de susciter déception, circonspection ou indifférence chez certains vieux fans.
En effet, tout semble fait pour séduire, sur ce qui se présente comme une succession de duos avec, en grande majorité, des compatriotes du Canadien ; avec aussi, côté français, histoire de donner une idée claire du ton choisi, la participation d’Olivia Ruiz, avec laquelle Buck 65 avait déjà collaboré, et qui est une fan déclarée du bonhomme (qui l’en blâmera ?). Dominent donc de jolies mélodies, de belles voix principalement féminines et cette instrumentation pop rock pour laquelle Buck 65 opte quand il est chez Warner ; même si, cette fois, il se remet franchement à rapper, et qu’il mâtine sa mixture d’électronique.
Alors bien sûr, même si Buck 65 connaît trop bien les dangers de la musique de masse pour y sombrer (cf. les paroles de "Superstars Don’t Love"), on aura tôt fait de regretter des tonalités à la limite du mauvais goût, par exemple sur ce "Stop" enjoué et synthétique avec Hannah Georgas, sur le "Final Approach" final avec Marie-Pierre Arthur, et puis sur ce titre, "Tears of Your Heart", avec Olivia Ruiz.
Ceux qui préfèrent le Buck 65 facétieux auront toutefois des "Zombie Delight", "BCC" et "Lights Out" à se mettre sous la dent, des plages, au choix, gentiment fantaisistes, ou légèrement superflues. Et pour ceux qui l’aiment plus sensible, plus fragile, plus mélancolique, il reste l’americana rap de "Whispers of the Waves" avec Gord Downie, le contemplatif "She Said Yes", et les trois collaborations avec Jenn Grant : les délicates cordes de "Paper Airplane", "Cold Steel Drum" et une reprise du grand "Who By Fire" de Leonard Cohen, toutes plutôt classieuses.
Notre homme a fait bien mieux par le passé, mais 20 Odd Years reste un album à découvrir. Car aux commandes, c’est toujours cet artiste à l’inventivité incontestable, celui qui a retenu du hip-hop cet art du collage, ce brassage des musiques et des références culturelles, cette capacité à trouver le beat qui fait mouche, pour mieux exporter tout cela dans d’autres contextes. C’est toujours la même personne, avec tout juste plus de moyens. Et même si Buck 65 flirte ici avec la variété, une comme ça, honnêtement, on est prêt à en redemander.
Commentaires 1
yes, pas un grand Buck 65 mais un bon Buck 65. je l'ai chroniqué également ça sera en ligne d'ici quelques jours on se rejoint sur la plupart des points