Epaulé par Pickster One (un DJ membre de Morse Code et un proche des Drunken Immortals), le rappeur latino n'a bien sûr pas oublié d'assurer la promotion de son dernier album, My Fan Base Will Destroy You, en mélangeant ses nouveaux titres à des standards, comme ce bon vieux "Paranoia Shiek", ou le moins ancien "Baby I Aint Joking ", des standards dont on ne sait plus l'otigine, tant notre homme a eu une carrière prolifique, en son nom, sous celui de Songodsuns, ou avec Of Mexican Descent, les Mind Clouders, les Shape Shifters et les Look Daggers.
Surtout, 2Mex s'est souvenu que le rap était un jeu. Et ce soir, oubliant son surpoids, il nous a tout fait : de l'inédit, comme de vieilles routines ; de l'a cappella, du freestyle, du karaoke sur les Talking Heads, du rap furibard sur un riff de guitare nerveux de chez Franz Ferdinand, une imitation d'Awol One. Et tout du long, il se donne sans cesse, tentant de mouvoir son corps encombrant, marquant la cadence de ses bras, les yeux mi-clos, tout à son sujet, en transe.
Le rappeur n'hésite pas non plus à jouer avec son public, la configuration exigüe des lieux se prêtant particulièrement à l'exercice. Quand ça le prend, 2Mex te prend entre quatre yeux, il te fusille du regard, à deux centimètres, pendant qu'il déclame ses rimes. Il se déplace aussi sans cesse, pour s'assurer de capter l'attention de chacun dans le cercle qui l'entoure. Il cherche les ladies, fussent-elles rares. Il distribue gratuitement quelques disques, du tout premier Freestyle Fellowship à My Fan Base Will Destroy You, histoire de couvrir 20 années de West Coast Underground. Et si tu es un hurluberlu revêtu d'un t-shirt Hieroglyphics, et que tu t'excites à l'autre bout du comptoir, 2Mex viendra t'apostropher.
Enfin, dans l'underground californien, et au-delà chez tous les innombrables héritiers du Project Blowed, on reste solidaire, on ne s'oublie pas. 2Mex citera donc nombre de ses compères pendant son show, dont certains ont produit une partie du dernier album : outre Awol One, le Californien fera applaudir et acclamer, dans le désordre, Thavius Beck, Nobody, Busdriver et Ceschi Ramos.
Ce soir, comme avant, comme toujours, 2Mex a démontré qu'il était une valeur sûre de l'underground hip-hop, une bête de scène, un rappeur rompu au rôle difficile de l'entertainer. C'était joué avant que ce nouveau concert au Twenty One ne commence, et cela a été confirmé ensuite : on ne s'ennuie absolument jamais quand le gros rappeur mexicano-californien déboule et qu'il est au micro.
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