Au début des années 2000, Buck 65 trichait : il rééditait des albums qui n'avaient jamais existé. Il y eut l'officialisation de Language Arts, une ancienne cassette, puis il y eut Weirdo Magnet, une compilation des premiers enregistrements les plus significatifs du Canadien, dont certains remontaient jusqu'en 1988. A première vue, tout de même, ça sentait les fonds du tiroir, d'autant plus que l'auteur avait omis d'y ajouter un tracklisting (celui-ci a existé en ligne, un temps).

BUCK 65 - Weirdo Magnet

Metaforensic / Warner :: 1996 / 2001
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Pourtant, parce qu'il a été sensiblement retravaillé sans doute, ce disque a les attributs d'un vrai album : dès la première plage introduite par les "65" de rigueur, tout s'agence à merveille. Chaque titre a un beat distinctif et marquant (même si nous restons dans le cadre de la boucle et du boom bap et que les bizarreries futures sont encore loin), et parfois proprement somptueux comme celui, précurseur des grands moments des Sebutones, où Sixtoo seconde ce vieux Rich.

Et même si, comme à son habitude, le facétieux rappeur aborde les thèmes les plus divers possibles, jusqu'à s'amuser à réciter une équation, l'ensemble est parfaitement uni par des textes qu'il a rarement autant conjugué à la première personne, que ce soit pour se lancer dans l'ego-trip, la confession ou les souvenirs d'enfance. A certains égards, et malgré sa profusion de titres, cette compilation sonnerait presque plus professionnelle que Language Arts, et même que Vertex, l'album de la révélation, quoiqu'en dise Buck 65 quand il commente ses propres albums sur son site, et qu'il semble qualifier Weirdo Magnet de sacré foutoir.