En 2006, pour un Young Jeezy au sommet de sa gloire, les choses se répètent. En tout début d'année, avant un nouvel album à succès, il délivre encore une mixtape tapageuse. L'historique Trap or Die avait précédé le non moins légendaire Let's Get It. Et maintenant, c'est au tour de The Inspiration de se voir annoncé par Can't Ban the Snowman. Le rappeur remet ça, une fois encore avec l'appui décisif de DJ Drama. D'entrée, dans une introduction vindicative, il tient à montrer qu'il n'a rien perdu de son mordant, s'en prenant vertement aux suiveurs, prétendant qu'il n'en a rien à faire si la police écoute ses propos de criminel patenté. Et il embraye avec les "fuck you" d'un remarquable "I'm Back". Jeezy est de retour, donc. En fait, il n'est jamais parti.

YOUNG JEEZY - Can't Ban the Snowman

Avec ce morceau, Jeezy nous ramène directement dans la trap house, au cœur de ses activités illicites. "I only talk in the bedroom, we whisper in the kitchen, call me paranoid, I think the walls is listening" : "je ne parle que dans la chambre, je chuchote dans la cuisine, tu peux me dire paranoïaque, je pense que les murs écoutent". Et comme pour marquer son propos, il murmure quand il rappe. Cependant, jamais chuchotements n'avaient été aussi sonores.

Revoilà donc, parsemé d'innombrables ad-libs, ces hymnes effrontés dédiés à sa réussite de dealer, ce conte américain du voyou qui a réussi à force de travail et d'abnégation. Jeezy évoque aussi son succès de rappeur et sa revanche sur la critique, comme quand il déclare "I shoulda got five mic's in The Source, instead I got five bricks and a Porsche" : "j'aurais dû avoir cinq mics dans The Source, mais à la place j'ai eu cinq briques et une Porsche". C'est bien sûr de la trap music étincelante sur "Ya Dig", "Burnin Up" ou le très court "Jeezy The Snowman", des fanfaronnades qu'il délivre seul, avec l'invité récurrent Slick Pulla, ou bien sur le mode du posse cut, comme avec "One's for CTE". Mais parfois c'est autre chose, comme avec "Cadillac", avec cette musique chaleureuse et cette passion de l'automobile qui lui viennent de Houston.

Tous ces morceaux ont en commun la qualité d'une sortie commerciale. Toutefois, nous ne sommes pas encore passés à la décennie suivante. A cette époque, une mixtape, c'est toujours une succession de raps originaux sur des morceaux qui ne le sont pas. Et quand ils ont choisi leurs sources, Young Jeezy et DJ Drama n'ont pas cherché la difficulté : ils sont allés fouiner du côté de New-Yorkais notoires ou de leurs associés. "Gangsta Party" est bâti sur le beat du "Have a Party" de Mobb Deep, chants de Nate Dogg inclus, "Makin it Look Easy" recycle le "Dead Wrong" de Biggie, "Verbal Intercourse" repose sur le morceau du même nom de Raekwon, et pour s'attaquer aux rappeurs sans réel pédigrée criminel, "Studio Gangsters" reprend la musique du "Window Shopper" de 50 Cent. Le rappeur recycle même l'instru de son propre tube, "Trap Star". Et rayon R&B on retrouve ici le single "Say I", avec Christina Milian.

Partout, sur ses sons comme ceux des autres, Jeezy avance fièrement, sur le ton triomphal qu'on lui connaît. Ce n'est plus la fabuleuse année qu'il a connu en 2005, mais c'est encore très haut quand même. En effet, on ne se débarrassera pas facilement du bonhomme de neige.

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