L'éveil de la scène de Washington (ou plus généralement de celle de DMV, si l'on emploie le terme consacré pour désigner, côté rap, les environs de la capitale américaine), remonte à il y a à peine plus d'une décennie. Ses acteurs de poids sont alors devenus Wale, Fat Trel, puis Shy Glizzy un peu plus tard. Mais il ne faut pas en oublier quelques autres qui, comme Larinzo Lambright-Williams, ont pris leur part dans cet essor. C'est avec une mixtape estampillée DJ Khaled, The Way I See It, que certains ont découvert fin 2014 celui qui se fait appeler Lightshow. Ou bien ils l'ont fait plus tard, grâce à If These Walls Could Talk et à son aréopage d'invités allant de Kap G à Icewear Vezzo. Mais c'est avant cela, peu de temps après ses débuts en 2011, que le rappeur des quartiers Sud-Est de DC s'est fait connaître des plus avertis.

LIGHTSHOW - Life Sentence 2

En 2012, sa collaboration avec Wale sur "Georgetown Press" avait attirée l'attention sur lui, suivie en 2013 par son insertion dans une liste de rappeurs à suivre proposée par le magazine Complex. Tout cela coïncidait avec la mise en circulation de la mixtape Get Well Soon et des deux éditions de la série Life Sentence. Sortie en toute fin d'année 2013, Life Sentence 2 a sans doute été le projet qui a le mieux mis en valeur la principale qualité de l'intéressé : la faim, la fougue, la véhémence, exprimées via des raps proprement expectorés ; en cette époque fraichement traumatisée par les coups de massue de Waka Flocka, une brutalité de la musique et une intensité des paroles qui, toutes deux, réclament une attention immédiate.

C'est en fait dans les pas de Boosie que marche Lightshow, un rappeur qu'il aimerait voir collaborer avec lui sur "Feature From Boosie". On retrouve chez lui la même façon viscérale de traiter du ghetto. Dès le premier titre, il nous invite dans le vrai Washington, celui qui se cache derrière les monuments. Avec le brûlot "Let's Talk About", il nous emmène au cœur de sa vie dissolue. il égrène la ribambelle de ses difficultés sur "Problems", il dénonce une trahison sur "Burning Bridges", il réprimande les siens pour leur sottise sur "Stupid". Il est prompt aux accès de violence sur "Where We At" et "Ever". Mais sur "No Favors", il montre qu'il a survécu à l'adversité. Et il expose fièrement ses envies d'échapper à sa condition sur le très bon "Revolving Door", un titre en décalage avec ses cuivres, guitare, violons et percussions soul.

Lightshow s'attaque à tout cela avec la même hargne, la même vigueur. Certes, il n'impressionne pas toujours. Sa mixtape a ses creux, ses ratés. Elle s'essouffle parfois. Mais quand, sur "Came a Long Way", "Let's Talk About", "No Favors", ou les bonus que sont ce "Lite Ice" sous Auto-Tune et "Double Standards", le rappeur de Washington tape fort, il tape fort.

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