A la fin de la décennie 2000, près de vingt ans après les débuts de la Three 6 Mafia, et suite aux apothéoses qu'ont été son Oscar et le succès de "Stay Fly", Juicy J se focalise sur sa carrière solo. Il sort alors quelques albums, Hustle Till I Die en 2009 et Stay Trippy en 2013, mais aussi une ribambelle de mixtapes, la plupart sous son seul nom, certaines en duo avec son frère Project Pat, et d'autres, les deux éditions de Rubba Band Business, en collaboration avec Lex Luger.
En débauchant ainsi un producteur de seize ans son cadet, celui-là qui a offert à Waka Flocka et à Rick Ross quelques-unes des tueries du moment, le rappeur de Memphis, désormais un vétéran, cherche sans doute à se montrer toujours d'actualité. Et pour tout dire, il y parvient plutôt bien.
Les 110 minutes du second Rubba Band Business, le meilleur, sont une suite inépuisable d'odes juvéniles, une longue célébration hédoniste dédiée à la fête, au sexe, et surtout aux drogues, dont Juicy J aborde tous les types, kush, lean et autres, sur "So Damn Fucked Up" comme ailleurs.
Seules trois choses l'intéressent : "Pills Weed Pussy", pour paraphraser un titre. En plus de ses bouffées d'agressivité ("Bonbay Gin Dance", "Killa", "Introduce", "Street Shit", "What The Fuck Y'all On"), il ne traite que de ces thèmes.
Compte-tenu de son phrasé saccadé un peu trop mécanique et de la durée du projet (28 titres), la lassitude devrait être au rendez-vous. Mais c'est sans compter sur Lex Luger, qui renouvelle sa formule. Si celle-ci est reconnaissable, comme sur le très bon "Inhale", elle prend parfois une tournure moins bulldozer qu'à l'habitude, plus atmosphérique, par exemple sur cet autre sommet qu'est "Smoke That Bitch".
Les deux hommes aussi, convient assez de gens pour faire varier les plats. Certes, sur "Me", Sonny Digital sonne plus Lex Luger que nature, mais d'autres producteurs viennent avec leurs registres à eux. C'est ainsi, de "Celebration" à "Paid For Bitch I Own You", que la mixtape se met à prendre une coloration soul et R&B, grâce au travail de Big Germ.
Même variété côté rappeurs. Juicy J poursuit sa cure de jouvence en s'entourant de figures de la nouvelle génération : Wiz Khalifa, dont il rejoindra bientôt le Taylor Gang, mais aussi Machine Gun Kelly, Don Trip, Casey Veggies, les gens de Travis Porter sur le très bon "Durr She Go", Curren$y sur un "Paid for Bitch I Own" relax, taillé sur mesure pour son rap enfumé. Et Billy Wes vient quant à lui jouer son rôle de cronner R&B. En fait, au-delà du seul Juicy J, Rubba Band Business 2 est une grande célébration du rap de l'époque, un rap dont il est un parrain important, le grand inspirateur.