Noah23 fait partie de ces demi-stars de l'underground qui n'ont jamais percé, mais qui n'en ont pas moins été des références auprès de l'internationale rap indé des années 2000. Et comme beaucoup de gens dans la même situation, maintenant que cette phase du hip-hop est de l'histoire ancienne, le rappeur de Guelph, Ontario, a trouvé refuge chez Fake Four, la structure des frères Ramos. Il y a sorti Fry Cook On Venus. Et le moins qu'on puisse dire avec ce quatrième album officiel, c'est que ce changement de label s'entend.

NOAH23 - Fry Cook on Venus

Autrefois, à la grande époque, Noah23 était connu pour privilégier un rap foufou, décousu, psyché et obtus. Mais désormais que tout cela est à la mode, il change de direction.

Oh, ça part encore dans tous les sens. Comme avant, il y a des flots de paroles compliquées, comme avec Ghettosocks, le rappeur d'Halifax, sur "Old Dog". La présence d'autres vieilles gloires rap indé comme Sole, Awol One (ensemble sur un bon "Murder City" tout en orgue) et Myka 9 de Freestyle Fellowship, rappelle de quelle scène est issu le rappeur.

Mais sur "Bright Green Laces", "Fry Cook On Venus" et "Can’t Stay Mad", Noah23 explore des thèmes plus adultes (ou plus adolescents, à voir) et balisés, comme l'amour pour les jolies filles et les difficultés relationnelles, et il exhibe son cœur sensible, sur "Intangible Heart Crescendo" et "Nuts".

La saveur très Fake Four de cet album est entretenue par des beats pleins de guitare, assurés par les producteurs maison (Factor, Cars & Trains, Skyrider) et par leur orientation indie rock. Orientation d'autant plus forte que des artistes venus de ce registre prêtent mains fortes à Noah23 (Liz Powell de Land of Talk, et Gregory Pepper), et que lui-même se lance assez régulièrement dans des chants, sans renoncer pour autant à son flow rap supersonique, lancé à pleine vitesse sur "Sea Of The Infinite Wave", avec Myka 9 et Ceschi.

Ceschi, parlons-en. C'est ce dernier que Noah23 évoque, sur cet album qui n'est pas sans point commun avec The One Man Band Broke Up. Comparé à ses prédécesseurs, ce projet est pop, mélodique et accessible. Plus grand public. Plus fade aussi, parfois, avec ses titres médiocres à la "No Tomorrow". Oui, Fry Cook On Venus est tout cela. Mais ne faites pas confiance à ceux qui s'en plaindront. A bien des égards c'est, sinon une amélioration, un bon complément aux disques à la Quicksand, issus des jeunes années de Noah23.

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