Ce mix d'une trentaine de minutes offert sur le site de Buck 65 est une sortie mineure, un passe-temps, une récréation. C'est un vrai travail de feignant que cette poignée de titres piqués à d'autres et gâchés par les raps qu'on entend par dessus, même si le phrasé de notre ami a rarement été aussi varié. Pourtant, allez savoir pourquoi, au moment même où il bénéficie des moyens de la Warner, le Canadien accorde à ce projet amateur la même importance qu'à ses albums, en le désignant comme le septième volet de la série Language Arts, ouverte dix ans plus tôt par la cassette éponyme. Comme si au fond, alors même qu'il prétend que le rap ne l'intéresse plus, ce type de distraction était ce que le facétieux rappeur aimait le mieux faire.

BUCK 65 - Strong Arm

D'une certaine manière, ces titres pondus à la va-vite sont représentatifs du personnage. Même si beaucoup ne retiennent que ses beats, Buck 65 ne se considère-t-il pas avant tout comme un storyteller ? N'a-t-il pas déjà pondu des albums en quelques jours seulement, Synesthesia par exemple, pour coucher vite fait des textes qui lui trottaient dans la tête ? Sur les plus officiels Vertex et Man Overboard, ne s'est-il donc pas privé d'exploiter des samples faciles, extraits de la Messe pour le Temps Présent de Pierre Henry ou de Booker T & the MG's ?

Enfin, en recyclant cet Incredible Bongo Band déjà pillé maintes fois par des rappeurs, le classique classieux de Górecki, le post-rock de Trans Am, les expériences de This Heat, la pop des Homosexuals, la virtuosité de John Fahey, du dub, voire la variété cinglée de Sébastien Tellier, ne confirme-t-il pas sa vocation à transcender les genres, et à le faire avec goût ?

En fait, si Strong Arm mérite sa place dans la série des Language Arts, c'est qu'il annonce son retour aux sources, qu'il consacrera un peu plus tard par l'album Situation. Bien plus que sur Talkin' Honky Blues, sa sortie la plus médiatisée, on y retrouve tel quel le véritable Buck 65.

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