Mine de rien, cela faisait 5 ans que nous n'avions plus de nouvelles de Tes. Ca avait commencé fort pourtant, par un petit buzz autour du EP Take Home Tes et la promesse faite au rappeur d'être le next big thing de l'underground new-yorkais. Une signature chez les Britanniques de Lex Records avait suivi, avec tout ce que cela veut dire en termes d'exposition. Mais depuis X2, un album décevant, tout cela était retombé. Aucun disque n'avait suivi et le rappeur s'était fait plus discret, invisible même, si l'on excepte ses apparitions fugaces sur des albums français comme le Shimmy Shimmy Blade de dDamage et le Nouvelle Chair de Liléa Narrative. Cependant, ces derniers temps, Tes tournait en France. Le concert annoncé au Glaz'Art à Paris ayant été finalement annulé, c'est finalement à Lion sur Mer près de Caen, à l'Eté 36, qu'il fut visible sur scène ces derniers jours.
Mais avant le New-Yorkais, avant aussi un dénommé Connecticut, viendrait le tour de Liléa Narrative, le régional de l'étape. Ce soir, la prestation du Caennais s'est montrée très proche de celle donnée un an plus tôt au festival Nördik Impakt. Pas avare de ses mouvements, loin de rester recroquevillé derrière ses machines comme un autiste (il montera même sur un muret pour tancer le public en fin de show), l'intéressé joue les morceaux séduisants de son album avec entrain et la participation d'une salle comble. A nouveau, son comparse Cowboy l'accompagne quelques temps, torse nu et peinturluré, mais sans barbe ni Stetson. Et cette fois, Tes peut rapper en direct sur "Buffalos Stance" ; ce ne sont plus des sons enregistrés. Autre différence notable : si cette nuit, Liléa Narrative ne bénéficie pas de la grosse artillerie du festival caennais, s'il n'évolue pas dans un immense hangar blindé de monde, l'atmosphère est plus conviviale, et Cowboy peut s'aventurer à deux reprises au milieu du public, dans une ambiance sympathique.
La soirée commençait bien, donc. Mais Tes allait tout gâcher. En se faisant attendre plus que de raison, d'abord. Puis en livrant un show de feignant, à l'exact opposé de cette débauche d'énergie et de virtuosité qui font les bons concerts de rap. Accompagné d'un DJ Raedawn (alias Crunc Tesla) placide et en retrait, le New-Yorkais a proposé une prestation molle et brouillonne. Il a rappé sans énergie et d'une voix trop normale, sans les excès vocaux de ses albums. Il a fait les 100 pas sur la scène, ses mouvements ont été sans style et sans chorégraphie. Il n'a même pas regardé le public. Ses exercices de beatboxing ont été banals, ils sont tombés à l'eau. Et rien n'est à retenir des nouveaux morceaux dévoilés ce soir.
Le rappeur a même bazardé les plus efficaces de ses anciens titres, comme "New New-York" et "Mouth of the River". D'ailleurs, quand DJ Raedawn a laissé échapper un extrait de ce dernier dans sa formule originale, le contraste a été cruel entre le flow flamboyant du Tes de l'époque et celui de cette soirée. Une nouvelle fois, deux mois après avoir invité Bleubird, l'Eté 36 a su faire preuve d'une programmation audacieuse en matière de rap. Malheureusement, ce soir, Tes a donné l'impression d'être le plus quelconque des rappeurs, et sûrement pas celui à qui était promis un temps la couronne et le statut laissés libres par Company Flow.
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