Idwet / La Baleine :: 2007 :: acheter cet album

Comme pour la dernière fois, ce disque commence par faire très peur. Sur ces premières plages où Arm s’exprime, cette gravité excessive qui est son seul défaut fait craindre un temps qu’il fasse fuir simultanément amateurs de rap et adeptes de Shakespeare, qu’il renforce les deux camps dans leurs préjugés réciproques. Mais ensuite, c’est mieux, beaucoup mieux, meilleur même que sur le précédent Hamlet. Toutes les facettes de la pièce trouvent place sur ces 38 petites minutes, du comique ("Les Fossoyeurs") à la tragédie ("Malheur à Moi") en passant par la leçon de chose emphatique ("Être"), et la musique s’adapte parfaitement à ces changements de ton. Du fait même de la diversité des participants, les sons sont plus éclectiques, moins uniformément hip-hop et électroniques. Le jazz ("Claudius & Gertrude", la basse et le scat des "Fossoyeurs") et le post-rock ("Le Poison : 1000 Bruits"), par exemple, font à leur tour une entrée réussie dans la pièce.

Et tout cela s’avère plus convaincant que jamais. Les cordes somptueuses du quator Debussy et la guitare neurasthénique de "Thème & Variations", les chœurs tristes et l’électronique malsaine de "L'Infortunée" et le crescendo orageux de Mellano sur "Le Poison : 1000 Bruits" sont quelques uns des bons moments de cet album. Le concept fonctionne même mieux que sur le disque précédent. A l'opposé du premier Hamlet où la musique, quoique bonne, se différenciait peu de ce qu’on peut entendre sur un disque de Robert le Magnifique ou d’AKA, les disciplines semblent ici se mêler pour de bon plutôt que de se superposer. Comme quoi, on peut être un concept à la con, et aboutir à quelque chose de recommandable. Reste maintenant à constater de visu ce que tout cela peut bien donner sur scène.