Ce dernier album des Freestylers est comparable à celui d’AIM traité sur ces pages, il y a quelques jours seulement. Dans un cas comme dans l’autre, nous avons affaire à des artistes tellement marqués années 90 qu’il est étonnant de les découvrir encore actifs en cette fin des années 2000. Avec ces deux disques, nous revoilà avec des gens issus de cette période où il était de bon ton de mélanger à parts égales musiques rock, électronique et rap, que le résultat soit suave et soit appelé trip hop, ou qu’il soit bruyant et bondissant et s’intitule big beat. Mais parce que leurs formules d’origine sont passées de mode, voire ringardes, ces Britanniques malins ont su parfaitement élargir leur palette pour mieux survivre.

FREESTYLERS - Adventures in Freestyle

Against the Grain / PIAS :: 2006 :: acheter cet album

Sur Adventures in Freestyle, ces ex b-boys passés par la techno ne se cantonnent donc pas au rap old school réactualisé et déjà très métissé qui les avait fait remarquer sur We Rock Hard, leur grande oeuvre. Plus que jamais, le trio anglais tire sur tout ce qui bouge, il fait feu de tout bois. Les raps, les beats heurtés du hip-hop et les accents funk et reggae d’autrefois font régulièrement leur apparition. On entend le big beat ("Turn to Dust", "Beat it Down") et la old school mutante ("Old Skool Fool") des débuts, mais il y a aussi du rock FM bruyant remis au goût du jour, avec guitare baveuse, voix éraillée, vocoder et tout le toutim ("Security", "Painkiller"), du ska endiablé ("Jump N Twist"), les cris exaltés d’une diva house ("Jump N Twist" encore, ou "Fast Life"), du Shirley Bassey en accéléré ("Pocketful of Sadness"), du p-funk ("So Fine"), et même un sample du "Til the End of the Day" des Kinks sur l’horrible "Electrified". Tout sert, tout est recyclé et tout est utilisé dans un but unique, le même depuis toujours : faire des tubes.

Souvent, les ficelles sont un peu grosses. Mais tout de même, des fois, ça peut marcher, comme sur ce "In Love with You" joli et accrocheur comme un titre de dance pop féminine des années 80. Dans un genre proche, "Hard to Say" ne s’en sort pas si mal non plus. Car au fond, même si les Freestylers n’ont pas beaucoup changé, ils font toujours cette musique à déguster dans l’instant, sans se poser de questions, mais sans bouder son plaisir. Globalement, si ce disque n’est pas meilleur que le premier, il n’est pas pire non plus. Juste un peu moins dans l’air du temps, quelles que soient les évolutions formelles tentées par les Freestylers.