La réédition d’un obscur CD-R, une pochette peu avenante, un titre qui sent l’alcool et le n’importe quoi, des noms de pistes à rallonge ("Suicide Girls Make Good Intro's But Bad Girlfriends!", ce genre de choses…), et pour couronner le tout, une sortie sur 2-99, un label russe complètement inconnu du grand nombre, même si on vous en a déjà parlé à plusieurs reprises sur ces pages : a priori, tout annonce un disque passablement fourre-tout et bordélique. Et de fait, c’est exactement ce que l'écoute révèle. Cet album est un énorme fouillis où se côtoient freestyles, instrumentaux, chansons plus formatées, morceaux en plusieurs mouvements et extrait de conversation téléphonique, où se pressent des invités de toutes sortes (jusqu’aux propres parents du rappeur) et des genres multiples (bounce sur "California Boomin", rock sur "Skitzo Crunk Punk Slump", grime sur "I Love Who", entre autres), et où se multiplient les recyclages sans vergogne des musiques des autres, de Miles Davis à TTC, en passant par Cee-Lo et Alice Cooper.

EXISTEREO - Mixed Drinks Vol. 1

2-99 :: 2007 :: acheter cet album

Mais en a-t-il déjà été différemment avec Existereo ? Le rappeur le plus maigre et le plus rock ’n’ roll des Shapeshifters n’a à ce jour jamais sorti de véritable album, mais ses Dirty Deeds… et Crush Groove foutraques d’il y a quelques années étaient toutefois hautement recommandables. Et il en est exactement de même pour Mixed Drinks Volume 1. Cette joyeuse réunion des plus grands freaks du rap indé orchestrée par notre MC tatoué à iroquoise est dans l’ensemble tout aussi réjouissante qu’elle est désordonnée. Le titre des Whyknows (Existereo et Inaspace) qui porte le nom même du duo, le détournement de Dizzee Rascal auquel se livre le rappeur en compagnie des inénarrables Bleubird et Mickey Avalon ("I Love Who"), et d’autres joyeusetés encore, concourent à faire de Mixed Drinks Vol. 1 le plus indispensable des disques hip-hop mineurs sortis en 2007.