Il y a au moins un truc chouette sur ce nouvel album de 2Mex, c’est la pochette. Elle présente Over The Counter Culture comme un médicament. Le label devient le labo, la quantité est illimitée, la date d’expiration est infinie et le dosage recommandé est sans limite. C’est de la bonne médecine, sans doute, mais comme souvent avec les médicaments, elle a un arrière-goût désagréable. Bon, il s'agit bel et bien de 2Mex, même s’il apparaît ici sous le nom de SonGodSuns. C’est bien le rappeur d’exception des Shapeshifters, d’Of Mexican Descent et des Visionaries. C’est bien le Mexicano-Californien à l’impressionnant phrasé particulièrement haché, c’est bien ce digne héritier du Project Blowed bla-bla tout ça. Mais l’accompagnement musical, pris en charge par une ribambelle de producteurs, laisse souvent à désirer. Et l’accompagnement musical, sans vouloir mettre de côté le principal intéressé et ses histoires d’amours déçus, ça ne compte quand même pas pour rien dans la réussite d’un album.

SONGODSUNS - Over The Counter Culture

Les seules vraies réjouissances ici sont les titres produits par Omid (la musique sautillante et réjouissante de "Minors Into Fire", avec Busdriver) et par Subtitle (la guitare de "Interruption From The Lie Love You", bien malsaine et efficace malgré un 2Mex irritant). Deeskee s’en tire lui aussi admirablement bien avec la boucle insistante de ce "Don’t" (avec Die, LifeRexall, Joe Dub et Lord Zen) qui n’aurait pas dépareillé sur l’excellent Ravish. Si bien qu’à côté, Keykool des Visionaries et DJ Khalil de Self Scientific font pâle figure. Cette resucée infâme de "I Didn’t Mean To Touch Your Hand", franchement, beurk. LifeRexall, lui, occupe la catégorie intermédiaire. Ses beats ont au moins le mérite de ne pas gâcher le charmant "Breath Of A Salesman", l’un des deux duos entre 2Mex et Jean Grae. Babu est funky en diable sur "Over The Counter Culture". Quant à Sach, il échoue à restituer l’ambiance laid-back de The Nonce sur "Dream Small". A la limite, Cynic y parvient mieux sur le "So Many More Words" qui suit peu après.

Pour dire à quel point 2Mex est un type bien, il n’y a qu’à lire ces mots dans le dossier promo : "They Migh Be Giants and The Cure or Eels are what I really listen to. It’s me listening to Elliott Smith and trying to re-create that in hip-hop form". Vous ne le connaîtriez pas que vous auriez tout de suite envie de le rencontrer, avec des propos comme ça, et d’embrasser son gros menton poilu. Malheureusement, même s’il a autant de talent que tous ces gens, 2Mex est loin d’avoir sorti des albums de leur niveau. Son meilleur solo, c’est encore ce foisonnant B-Boys in Occupied Mexico qui remonte déjà à 2001. Depuis, il a sorti un album par an, mais aucun n’a été pleinement satisfaisant. Et surtout pas ce Over The Counter Culture où les morceaux lassants dominent. A ce rythme, l’exclamation enthousiaste "Ah ! Un nouvel album de 2Mex !" risque fort de se transformer un jour en un désabusé "Ah... Un nouvel album de 2Mex...".

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