Depuis cinq ans, Halifax en trépignait. Le quatrième album des Goods n'est sorti que ces derniers mois. Certes, entre-temps, Kunga219 n'a pas chômé. En 2000, il s'est illustré en solo sur Tharpa's Transcripts. L'an dernier, il a retrouvé son vieux DJ, Gordski, et il s'est joint à Tachichi pour aboutir à un décevant Elaborate Neurotics. Mais il tardait à ceux qui chérissent (à raison) le hip-hop canadien de découvrir le successeur du fortement recommandable Dream Sequence.

THE GOODS - 4/Four

Le voici donc, sobrement intitulé 4/Four, avec dix-sept morceaux denses et d'une flopée de MCs canadiens, de Pip Skid à Tachichi, en passant par Birdapres et Josh Martinez. Même Gordski s'y fait rappeur et pousse la chansonnette.

A l'instar de l'album de Roosevelt Tharpa, ce nouveau The Goods est d'un classicisme rap à toute épreuve. C'est vrai dès "On The Level", pur festival de turntablism et d'ego-trip, et cela n'est jamais démenti. Tout au long, Gordski choisit la bonne boucle et ne la maltraite qu'en fin de morceau, comme bien d'autres avant lui, tandis que Kunga s'adonne à un rap littéraire et compliqué, mais moins grave que sur ses oeuvres solos, davantage capable d'humour et de dérision.

Pour tout faire comme il faut, il y a même un passage nu-soul avec une sérénade chantée par Kaleb Simmons sur "What They Need", l'une des plages en trop sur cet album.

Et ce n'est malheureusement pas le seul faux pas. 4/Four a le défaut des disques trop longs. Les réussites sont bel et bien là. "Filter Material", "Control The Elements", "The Lowdown", le dansant "Eff", "Kunga's Mission", "Morphine" sont tous bons. Jamais tonitruants, jamais exagérément accrocheurs, non, loin de là. Bons, simplement. Mais à eux tous, ils ne forment à grand peine qu'une moitié du disque.

Moins bien que Dream Sequence, mieux qu'Elaborate Neurotics, plus "rap normal" que Tharpa's Transcripts, ce quatrième The Goods rejoint la vaste catégorie des disques qui valent le détour, mais n'entreront jamais dans les annales.

Ecouter cet album