Ce devait être l'un des événements hip hop de l'année. Ce devait être la rencontre des deux aventures récentes les plus palpitantes du rap West Coast Underground. Mais le mariage du free jazz de Daddy Kev et D-Style avec les divagations de Busdriver est une affaire ratée.
Big Dada / PIAS :: 2004 :: acheter ce disque
Bof. C'était l'un des deux ou trois disques hip hop les plus attendus de l'année. Mais bof.
Cosmic Cleavage se trouve pourtant à la jonction des deux aventures hip hop les plus palpitantes de ces derniers temps. D'un côté, la conversion réussie au free jazz d'un beatmaker autrefois quelconque, Daddy Kev, brillamment assisté par D-Styles aux platines. De l'autre, la montée en puissance de Busdriver, MC unique et délirant dans la droite lignée du Project Blowed, auteur après deux albums sur CD-R prometteurs mais inaudibles (Memoirs of an Elephant Man, This Machine Kills Fascists) d'un classique underground (Temporary Forever) et d'un duo remarqué avec Radioinactive sur des sons de Daedelus (The Weather).
Les trois hommes semblaient donc faits, non pour se rencontrer (le microcosme West Coast Underground le leur a permis depuis belle lurette), mais pour bosser ensemble. A priori, quoi de plus naturel que les extravagances du jazz libre de Daddy Kev et de D-Styles pour accompagner le rap excentrique et virtuose de Busdriver ? Pourtant cette fois la formule appliquée avec plus ou moins de succès à deux autres acteurs phares du rap californien (Awol One sur Slanguage et The Grouch sur Sound Advice) ne fonctionne plus. Trop de free tue le free, trop de divagations gâchent l'attention. Cosmic Cleavage commence bien ("Pool Drowning"), mais sombre très vite dans un brouet indigeste et saoulant (dans le genre, le speed "Beauty Supply and Demand" remporte la palme). Le rappeur et les musiciens semblent se faire plaisir, mais chacun de son côté, sans jamais vraiment se rencontrer ni tirer profit de leur alliance.
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