Au sein de la fourmillante scène de Baton Rouge, cela fait désormais quelques années que Whop Bezzy a trouvé sa place. Fondateur d'un WNC (pour Wreck N Crew) Da Label dont il est semble-t-il le membre le plus éminent, il s'est imposé à partir de 2016 avec la mixtape GREG et des singles tels que "You Know I Ain’t Scared", "Don’t Start Me" et "GYAB". Sur une version du premier cité, son grand morceau de bravoure, il collaborait avec Boosie Badazz, rien de moins, et il a côtoyé aussi quelques autres figures locales comme Foxx, Kevin Gates, NBA Youngboy, Mista Cain et 70th Street Carlos, avec lequel il a sorti une mixtape en 2017, Shid Who?. Il s'était même murmuré un moment que Whop Bezzy avait signé chez Atlantic, mais on n'en a jamais eu la confirmation, le rappeur continuant à enfiler les sorties autoproduites sur le mode de la mixtape, comme par exemple Addy World, le premier de ses deux projets de 2019.
A en croire sa pochette et son titre, cette courte sortie poursuit la patiente exploration par les rappeurs de toutes les pharmacopées imaginables. Cette fois, la drogue en question est l'Adderall, ou addy, un psychostimulant souvent utilisé comme dopant dans les milieux étudiants. Les stupéfiants, Whop Bezzy en parle donc ici, mais pas seulement. Il s'intéresse aussi beaucoup au sexe et aux filles, lesquelles se manifestent par le biais de quelques rappeuses obscures, sur "Can't Wait", et sur le très bon final "Bounce Dat Azz". Et pour accompagner ces joyeusetés, le rappeur de Baton Rouge opte comme toujours pour une formule trépidante et exubérante, parsemée de ses ad-libs rituels, "oh my god".
Addy World, en effet, est un projet mené tambour battant, doté d'un ton enjoué, d'une musique énergique et relevée. Elle est agrémentée de cuivres (ceux que l'on entend d'entrée dès "Wig Off") et de rythmes sautillants (ceux de "First Grade", une autre collaboration avec 70th Street Carlos) qui évoquent les fanfares du carnaval. Mais cette sortie contient aussi quelques petits bijoux de minimalisme, comme "Dum Shit", qui se contente de percussions et de la voix de Whop Bezzy, et un brillant "Stuck" dont l'instrumental ne se compose peu ou prou que de cloches. Ce sont des instants de génie, tout comme le nonchalant "How Dat Go", un titre absolument imparable avec ses petits tintements et ses onomatopées. Ce sont des pièces de plus à placer au crédit de WNC Whop Bezzy, et plus généralement du rap de Baton Rouge.
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