Comme Kodak Black, Pierre Delince est né en 1997, il est d'origine haïtienne, il vit à Pompano Beach et sa vie a été marquée par d'incessantes démêlées avec la justice et de fréquents séjours en prison. Les deux hommes, de fait, sont très proches. Dès 2016, quand le magazine XXL demande au rappeur actuel le plus emblématique de la Floride qui mériterait de figurer à ses côtés parmi ses fameux Freshmen, c'est son ami qu'il cite. C'est sur son label, Sniper Gang, que sévit aujourd'hui celui qui rappe sous le nom de Jackboy. Et en 2017, peu de temps après un premier tube appelé "Grimace", c'est en duo avec Kodak Black, avec le titre "From The G To The A", qu'il rencontre son plus grand succès.

JACKBOY - JackNDaBox

En toute logique, ses raps rappellent ceux de Kodak Black sur JackNDaBox, un projet qui, avec les renforts de Plies et de Rick Ross, marque l'arrivée de Jackboy dans la cour des grands de Floride. La voix, la scansion, les onomatopées et la façon de manger les mots, en effet, sont les mêmes que ceux de son protecteur. Toutefois, il ne s'agit pas d'un décalque.

On le sait à présent, Kodak Black n'est pas un cas isolé. Il n'est que la face la plus visible de tout un sous-genre régional riche en talents, dont d'autres sont les représentants, par exemple Golden Animal, l'un des invités de JackNDaBox. Jackboy n'est qu'une autre émanation de cette formule floridienne, née à la fois de la trap music absurde de Gucci Mane et du rap de délinquant imbibé de blues de Boosie Badazz, deux des plus grandes influences du rap des années 2010, et références revendiquées par le rappeur de Pompano Beach.

On retrouve le premier dans les ritournelles hédonistes entêtantes à la "Life In The Pen", et le second dans ces alliances contradictoires d'entrain et de mélancolie que sont "Keep Me A Strap", "Go Away" et de la tirade de Kodak Black sur "Steppin". Jackboy se hisse à leur hauteur sur de beaux morceaux comme "Lost in My Head", sur le lent et dépouillé "Want Some More" produit par Metro Boomin, sur "Money Machine", la très solide collaboration avec Rick Ross, sur ces tubes habités que sont "Need Room" et "Pay The Price", et sur le finale "Vakabon". Sur "Innocent By Circumstances", Jackboy s'essaie même au rap de rue tendu de vigueur à Detroit, avec l'appui de Helluva, le producteur phare des lieux.

Tous ces morceaux sont réussis. Ils donnent raison à Kodak Black quand, interrogé par XXL, il vantait son compère.

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