Cymphonique Miller est une artiste pour les enfants. Son style, c'est en majeure partie du R&B acidulé et inoffensif, qu'elle prétend être dans la lignée de Beyoncé et de Mariah Carey. Elle a joué dans des séries sur Nickelodeon, la grande chaîne américaine destinée à la jeunesse (notamment How to Rock, où elle joue le rôle de l'héroïne). Elle a été la finaliste d'un radio crochet sur Radio Disney, une station qui a ensuite diffusé plusieurs de ses singles. Et elle a été nommée dans la catégorie "Best Female Hip-Hop Artist" des BET Awards, les Victoires de la Musique afro-américaines. Chanteuse, actrice, égérie pour les adolescents, Cymphonique est tout cela. Mais elle est aussi, et surtout, la fille de Percy Miller. Et il lui en reste quelque chose.

CYMPHONIQUE - Passion

Elle a d'ailleurs rejoint son père, ainsi que son frère Romeo (ou demi-frère, puisqu'elle est née d'une relation extra-conjugale avec une femme d'origine philippine) au sein de No Limit Forever, la version reloaded du label qui a fait la gloire de Master P à la fin des années 90. C'est sous cette étiquette que cette Lolita de 17 ans a sorti en 2013 sa mixtape, Passion. L'une des caractéristiques de No Limit, en effet, c'est qu'on y a toujours travaillé en famille. Mais une autre, c'est que les Miller n'ont jamais eu peur de rien, pourvu que ce soit efficace. Et Cymphonique ne déroge pas à la règle, mélangeant les contraires sans aucune inhibition.

"I'm no rapper, I'm the first R&B trapper", dit-elle à la fin de "Murda She Wrote". Et sur cette mixtape, elle joint le geste à la parole, passant sans crier gare des chansons d'amour niaises et creuses attendues, comme "How It's Supposed To Feel", "Thinking about You" et "Unhuman" (guitare acoustique et saxo sirupeux à l'appui, pour cette dernière), à des incartades prononcées, musicalement tout du moins, en territoire trap music. Des incartades assez convaincantes, qui plus est, comme dans le cas de l'accrocheur "Independent"). Ou sinon, elle évolue entre ces deux extrêmes, comme sur "It's My Party", une ode au club et à l'hédonisme, et quand elle devient une rappeuse fielleuse à la Nicki Minaj sur "Murda She Wrote". Parfois encore, tous ses styles se cristallisent sur un même morceau, comme avec "Turn up Time".

Sur Passion, Cymphonique n'invente pas grand-chose. C'est plutôt générique, c'est même téléphoné. Tout ce qui a marché à son époque, elle se l'est accaparé et elle l'a agencé à sa guise. Et elle l'a fait parfois, le comble, avec une certaine réussite, comme sur le titre "Slow Down", voire sur "Talk to Me", aussi nigaude cette bluette soit-elle. Au fond, la jeune demoiselle Miller a montré qu'elle était bien l'enfant de son père : celui qui a su faire du gangsta rap un produit de série ; l'un de ceux qui, sur le modèle de ses prédécesseurs californiens, ont réussi à transformer la variante du hip-hop la plus brutale en une nouvelle variétoche américaine.

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