A Detroit, au sein de cette scène dont on ne cesse de mesurer l'incroyable richesse, Masoe, Lonnie Bands, Paid Will, Al, Javar et Biggs, alias BandGang, occupent une place centrale. Fondé en 2008, ce sextet qui s'est fait connaître d'une audience plus large en côtoyant Tee Grizzley sur le morceau "Straight To It", a influencé la génération qui émerge aujourd'hui autour de Sada Baby, FMB DZ et quelques autres.
Ces derniers temps, cependant, après leur salve de mixtapes de 2014, les trois premiers rappeurs cités se sont surtout illustrés en solo. En 2017, ils ont proposé trois à quatre sorties chacun, pas moins. Aussi leur projet commun, disponible depuis l'été, a-t-il été attendu de ceux qui savent. Et cette attente est récompensée, si on se base sur des critères quantitatifs, nos rappeurs s'étant fendus d'un opus gargantuesque de 98 minutes et 30 titres rempli de collaborations.
Parce qu'il a contribué à en définir la formule de Detroit, le rap de BandGang peut aujourd'hui sembler générique. Ce sont les mêmes pianos nerveux accompagnés de décharges synthétiques. C'est le même rap de rue avec ses certificats d'authenticité ("Come From That", "Realest Ever Get"), son esprit de clan ("Act Like Us", "Walls Closing In"), ses histoires de drogue ('Narcotics Pt. 2'), son ton intimidant ("Foreign"), son atmosphère suffocante ("No Rules"), auxquels, histoire de faire bonne mesure, s'ajoute une bonne dose de pornographie ("Sirens", "Rainman", "My Type", "Nobody").
C'est également, toujours, cet axe entre la Motor City et la Californie qui se manifeste, quand sont invités les cousins de la Côte Ouest SOB x RBE, Mozzy et un Philthy Rich convié sur presque toutes les sorties récentes de Detroit.
C'est toujours cette musique menaçante, énergique et tendue, celle que les Doughboyz Cashout ont été les premiers à sortir de la ville, et dont on n'a cessé depuis d'entendre les déclinaisons. Mais à mesure que s'écoule ce long projet standard et épuisant, se découvrent des passages plus mémorables que d'autres, comme l'hommage aux complices et aux compères de "My Niggaz", le morceau avec Mozzy, comme ces titres implacables et menés à toute allure que sont "Right After We Run It Up" et "Facts", tout comme les plus lents "Realest Ever Get" et "Walls Closing In", un finale somptueux. De façon attendue, le BandGang place ainsi une nouvelle pierre dans le grand édifice du rap de Detroit.
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