Autoproduit :: 2009 :: télécharger la mixtape
Le rappeur est réapparu pourtant, il y a quelques mois, confirmant, comme tous l'imaginaient, qu'il était demeuré quelque temps en prison. Mais ce retour s'est fait dans l'indifférence. Pill a laissé passer le coche, et il est venu allonger la longue liste des rappeurs à mixtapes sans lendemain. Cependant, ces dernières demeurent, et elles valent toujours le détour. C'est le cas de la toute première, sortie avec l'aide de DJ Burn One, celle qui lui avait valu les éloges d’André 3000, celle aussi qui contenait "Trap Goin' Ham", tube underground construit autour d'un sample des Beastie Boys, à l'origine de l'engouement pour Pill. Viral et efficace, ce titre avait marqué pour le rap un certain retour à la réalité sociale, sa vidéo ayant été tournée dans les quartiers délabrés d'Atlanta, et mis en scène ses vrais habitants, dealers, glandeurs et fumeurs de joint. Le rappeur cherchait à témoigner de son parcours dans la pauvreté et dans la détresse sociale, chacune de ses mixtapes contenant, outre une allusion à la drogue et aux médicaments, le numéro de l'une des nombreuses adresses où il avait habité. Pill, en effet, avait passé une jeunesse glauque, à érer d'un logement à l'autre, suivant une mère toxicomane qu'il finira par retrouver morte, étendue sur le sol de sa salle de bain.
"Trap Goin' Ham" avait été une introduction adéquate à Pill, révélant des sons sudistes, mais aussi une agilité verbale pas toujours associée à Atlanta, ainsi donc que ce reportage sans glamour sur la vie du ghetto. Ces qualités se retrouvaient ailleurs sur 4180: The Prescription. Tout y était bon, que le rappeur s'exprime sur des sons nouveaux, ou plus souvent, qu'il s'en approprie d'autres, archi-exploités comme celui du "I Got 5 On It" de Luniz, ou plus récents comme le "Driving Down The Block" des Kidz In The Hall, le "Single Ladies" de Beyoncé, ou le "Nike Boots" de Wale, transformé en "Trap Boots". Beaucoup de ces titres ne dépassaient pas les deux minutes, entretenant un sentiment d'urgence qui rappelait Killer Mike (présent, et toujours aussi flamboyant, sur "The Work's Hard"), malgré une voix toute différente. La voie de Pill aussi, sera toute autre, puisqu'au moment où le mentor rencontrera, sur le tard, une certaine forme de reconnaissance, le protégé, un temps considéré comme un espoir du rap, sombrera donc dans l'anonymat.
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