Le 31 octobre dernier, Young Thug a sacrifié à ce nouveau rituel rap, la mixtape d'Halloween, en délivrant une suite à Slime Season. Comme avec cette dernière, il a fait le propre dans ses archives et sorti au grand jour des titres enregistrés en vrac dans les mois précédents avec des producteurs divers et variés : ce Wheezy qui a été son principal collaborateur sur Barter 6, de grands noms d'Atlanta comme London on da Track, Southside et Metro Boomin, ou des gens moins attendus, comme Treasure Fingers de Fool's Gold. Avec une telle entreprise, on pouvait penser que le rappeur, au terme d'une année très productive, allait racler les fonds de tiroir. Mais il n'en est rien. Slime Season 2, au contraire, est même supérieur à son prédécesseur.

YOUNG THUG - Slime Season 2

Souvent, on vante (ou on critique, c'est selon...) Young Thug pour son imprévisibilité. Et celle-ci est bien là, sur un certain nombre de plans : à travers ses paroles impénétrables, ses variations de flow, ses onomatopées ou ses raps chantonnés de manière absente. Pourtant, depuis maintenant plus d'un an, le premier ou deuxième rappeur le plus important de son époque explore un style bien défini. Ses dernières crises d'hystéries remontant à Black Portland, il s'est émancipé des sons tumultueux de la trap music (ou plutôt, il les a assagis) et il s'épanouit dans un registre dorénavant plus élégant, plus aérien et plus mélancolique, quasiment mélodique.

Sur Slime Season 2 plus qu'ailleurs, il persiste dans l'emploi de cette formule, qu'il redouble de considérations intimes et sentimentales sur des morceaux tels que "She Notice", "Love Me" et "Hey I". Certes, les strip clubs ne sont jamais loin. Mais les titres qui leur sont destinés, comme "Twerk It", ont les mêmes sons évaporés. Tout comme la séquence formée par "Oh Lord" et "Beast" : plus relevés que les autres, ces deux titres sont pourtant loin d'être trépidants.

Certains penseront que c'est là la faiblesse de cette mixtape, qui ne compte aucun tube qui tape. Mais c'est au contraire sa grande force. Slime Season 2 ressemble moins à une compilation que l'édition d'avant. Parce qu'Alex Tumay, son ingénieur du son, a semble-t-il eu un peu plus son mot à dire, et malgré sa longueur (on approche l'heure et demi), elle est plus cohérente et elle est mieux produite. Aucun titre n'est immédiat, mais tous ou presque déploient leurs charmes de façon imparable, à la manière du single "Thief In The Night", un duo avec Trouble, de la ballade "Hey I", ou bien de son contrepoint, la plus lubrique "Phoenix".

Young Thug, cependant, va plus haut encore avec cette merveille qu'est l'habité "All Over", un titre accompagné d'une production particulièrement inspirée de Southside et de Metro Boomin. Toujours pas un tube, pour sûr. Mais mieux que ça. Et d'autres gemmes encore émaillent Slime Season 2, comme le pesant "Mind Right", un "Bout (Damn) Time" qui prouve encore la versatilité du rappeur, ou encore les derniers titres, qualifiés de bonus parce qu'ils tranchent avec le reste du projet, ce très bon "No No No", échappé comme "Never Made Love" de la période Rich Gang (l'un compte Birdman, l'autre Rich Homie Quan), ainsi que "My Baby".

Cette mixtape est plus riche qu'elle n'en a l'air. Et pourtant, à peine l'a-t-on digérée, que Young Thug annonce déjà une troisième Slime Season. Franchement, s'il continue à nous alimenter ainsi, on veut bien patienter encore avant que ne sorte Hy!£UN35, son premier album officiel.

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