Autoproduit :: 2016 :: acheter la mixtape
Young Jefe 2, d'abord, est l'affaire du seul Shy Glizzy. Elle ne compte aucun invité, si l'on excepte les producteurs (entre autres Zaytoven, Childish Major, Austin Millz et Doughboy Beatz) et, sur un interlude appelé "OG Call", les salutations téléphoniques de C-Murder, le vétéran de No Limit, depuis la prison où il purge une peine pour meurtre. Pour l'essentiel, le rappeur y est lui-même, sans calcul, sans gros titre qui tape conçu pour la radio. C'est, au contraire, une ambiance très atmosphérique qui est privilégiée ici, voire neurasthénique. Ses paroles ne donnent pourtant pas dans le blues de gangster aujourd'hui de mise. Elles ne sont que fanfaronnades, et que poses agressives comme sur "Huh". Elles rendent compte d'une pure vie de "G". Mais dès "Let It Rain", la musique, tout comme les fredonnements frêles de Shy Glizzy, s'inscrivent en faux contre cette insolence.
Il y a un fond de tristesse sur Young Jefe 2, une mélancolie lancinante, comme quand, derrière les vantardises et le matérialisme du rappeur, sur "Bankroll", est invoquée la figure récemment disparue de Bankroll Fresh. Sur "Think About It", sur un piano gambadeur typique de Zaytoven, Shy Glizzy admet même, le temps de deux vers : "je pensais que cette merde gangsta serait vraiment fun, négro, jusqu'à ce que je commence à jouer avec ces guns, négro". Sur ce titre conclusif, il joue de sa carte maîtresse, l'intensité. Mais il l'abat aussi bien avant, sur "New Crack", avec les violons de "Ride 4 U", qui traite des mirages de l'amour dans le contexte des quartiers, et avec les synthétiseurs de "Waiting on my Time".
Sur ce dernier morceau, Shy Glizzy dit attendre que son heure vienne. Le succès grand public, de fait, n'est peut-être pas encore là pour le rappeur. Comme Mozzy et Kodak Black, deux sensations rap récentes qu'il s'amuse à citer ici et là, il en est à la croisée des chemins. Mais sa production, son œuvre, pour être pédant, commencent à devenir plus que significative. Mine de rien, sur une scène washingtonienne devenue sur le tard une place forte du rap avec des gens comme Wale, puis Fat Trel, ce n'est pas ces derniers qui y construisent l'une des plus discographies les plus riches du rap contemporain. Non, comme le démontre cette dernière mixtape réussie, le Young Jefe de la capitale fédérale, c'est Shy Glizzy.
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