Diplomats Records :: 2007
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Même si Jim Jones était aux commandes, et que c'est sous son nom qu'était sorti Members of Byrdgang 2, la star ici était Max B, et rien que Max B. La répartition des rôles avait changé depuis la première mixtape. Stack Bundles ayant été tué par balles quelques mois plus tôt, il avait été remplacé par le rappeur NOE. Et Biggaveli, donc, libéré de ses obligations carcérales, prenait toute sa place. Encouragé par le succès de "We Fly High (Ballin')", un titre qui figurait sur la mixtape précédente, dont il était le coauteur, et qui aura été le plus gros succès de Jim Jones, Max B jouait un rôle prépondérant dans l'écriture des paroles. Il s'exprimait sur presque tous les morceaux et il en assurait les refrains, avec ces chantonnements plaintifs et marmonnés, dont cet ancien membre du Boys Choir de Harlem avait fait sa signature. Il était celui qui apportait un supplément d'âme à ce projet qui, sinon, n'aurait proposé que le rap de méchants magnifiques et les beats parfois un poil lourdauds (cf. le morceau "Byrd Gang") habituels à Dipset.

La mixtape savait parfois nous attaquer à coups de massue, comme avec le "Im Paid" posthume mais énergique de Stack Bundle, et elle abusait des cliquetis et des déflagrations de flingues. Mais sa meilleure arme, c'était le blues rap de Max B. Il se manifestait à plusieurs reprises, et notamment sur l'un des titres les plus originaux du collectif, "Hawai 2.0", un morceau faussement paisible construit sur le son inhabituel d'une guitare hawaïenne, où le rappeur revenait de manière déchirante sur l'enfance glauque qu'il avait traversée. Ici, comme sur l'instru façon jeu vidéo de "Put In Work", sur les voix screwed et l'orgue de "Clap and Revolve", sur les nappes de "What Goes Around", ou sur les accents soul de "Where to Go", c'était bien lui qui portait une mixtape qui, autrement, malgré la qualité des autres rappeurs, avait les tares dont souffrait encore ce format à l'époque : une longueur excessive, des cris de DJ insupportables toutes les dix secondes, et les recyclages approximatifs de sons cramés, comme celui d'Art of Noise sur "Dem Boys".

Max B savait combien le Byrdgang lui devait. Aussi n'allait-il pas accepter longtemps ne pas être rétribué à sa juste valeur. L'année suivante, il se fâcherait donc définitivement avec Jim Jones, l'accusant de lui avoir fait signer un contrat malhonnête et de vivre sur son dos. Puis il allait poursuivre sa carrière en montant à son tour un collectif, Gain Greene, en s'acoquinant avec le rappeur French Montana, et en sortant avec frénésie une ribambelle de mixtapes remarquables en 2008 et en 2009, avant de se voir stopper net par une nouvelle condamnation, cette fois à 75 ans de prison, rien de moins. Jim Jones, quant à lui, fort du prestige des Diplomats, resterait durablement dans le paysage rap. Mais Members of Byrdgang 2 aura été, en quelque sorte, le point final de ses meilleures années.