Peut-être y a-t-il un ras-le-bol, après l'engouement pour ses séries Dedication et Da Drought. Peut-être avons-nous déjà accepté, en 2011, que Lil Wayne soit sur la pente descendante. Peut-être encore que ce qui a été une singularité dans la décennie précédente, des mixtapes sorties par un rappeur majeur parfois meilleures que ses albums officiels, est maintenant devenu banal. Ou bien Weezy est-il dépassé par la nouvelle direction prise par ce format musical, qui n'est déjà plus une compilation ou un détournement de titres existants, mais bel et bien une collection d'inédits. Toujours est-il que Sorry 4 The Wait n'a pas bénéficié, à sa sortie, des mêmes faveurs que les mixtapes précédentes du rappeur.

LIL WAYNE - Sorry 4 The Wait

Comme le titre l'indique, ça fait longtemps, en 2011, qu'on espère une suite aux travaux de Lil Wayne, après son passage en prison, les errements rock de l'album Rebirth et un I Am Not A Human Being en demi-teinte. Ses fans attendent alors un quatrième volet de Tha Carter, qui soit du même tonneau que les deux précédents. Il sortira en fait un mois après ce Sorry 4 The Wait qui, en dépit de son titre, ne nous a pas vraiment permis de prendre notre mal en patience.

On a fait plusieurs reproches à cette mixtape : celui de montrer un Lil Wayne moins inspiré qu'avant, rappant en pilotage automatique sur ses thèmes habituels du sexe et de la défonce ; celui de reposer sur la sélection musicale, plutôt que sur la faculté du rappeur à l'illuminer de ses freestyles.

Il est vrai qu'avec ses choix, Lil Wayne pouvait difficilement se tromper : il met en branle des rouleaux compresseurs signés Maybach Music, le "Tupac Back" de Meek Mill et Rick Ross, et le "Rollin'" de Gunplay et Waka Flocka. Dans le même genre bulldozer, il y a aussi le "Grove St. Party" du dernier cité, où Weezy croise le fer avec Lil B (lançant par l'occasion un beef entre Game et le BasedGod) ; le tube "Gucci Gucci" de ce qui est le phénomène féminin de l'époque, Kreayshawn ; le "Marvins Room" et le "My Last" des rappeurs guimauve de saison, respectivement Drake et Big Sean ; et ces chansons très grand public que sont le "Rolling In The Deep" d'Adele et le "Run The World (Girls)" de Beyoncé. Il serait injuste, toutefois, de penser que les qualités de Sorry 4 The Wait doivent tout au matériau d'origine.

En substituant ses raps aux chants R&B fades de Miguel sur "Sure Thing", pour n'en garder que l'instru canon, en troquant le débit linéaire d'YC sur "Racks" contre son flow de possédé, et tirer profit d'un beat de Sonny Digital, Lil Wayne sait encore transcender les titres qu'il a sélectionnés.

Le seul défaut de cette mixtape, c'est d'arriver trop tard. Car à bien y regarder, elle est en tout point comparable à celle d'avant, No Ceilings, sortie deux ans plus tôt. Ses défauts et ses qualités sont les mêmes. Ce n'est qu'une question de timing, si Sorry 4 The Wait n'est pas célébré à sa juste mesure : comme une mixtape plutôt réussie, peut-être même la meilleure chose que Weezy proposera dans la décennie 2010.

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