Free Bandz :: 2015 :: télécharger la mixtape
On connait la chanson. Future l'avait déjà déclinée sur Monster et sur Beast Mode. A nouveau, sur ce projet court de 10 petits morceaux, il poursuivait sa thérapie d'un genre particulier, noyant son chagrin d'amour dans la débauche et les excès. Sur 56 Nights, le rappeur nous parlait de fuite dans un sexe sans affection, désincarné, et plus encore, d'évasion par la drogue, toujours avec ce chanté-rappé caractéristique, dont il a été l'un des grands propagateurs. Le troisième volet de sa trilogie se distinguait pourtant du précédent, marqué par la production relevée de Zaytoven. Sur celui-ci, au contraire, dont les sons étaient signés par la 808 Mafia, principalement représentée par Southside, le ton était moins triomphal, la musique plus atmosphérique, voire décharnée (écoutez donc "Purple Comin In" et "Now"). Ses contours étaient plus indécis, ses accroches moins évidentes. Et cette impression était renforcée par les raps de Future, parfois marmonnés, rentrés.
Cette noirceur pouvait prendre des formes distinctes, celle des éloquents chœurs funèbres de "Diamonds From Africa", où Future partageait un soupçon de conscience sociale, celle du synthétiseur strident et minimaliste de "No Compadre", des sirènes, des basses et des nappes de "Trap Niggas" (un titre si bon qu'il sera recyclé sur l'album qui suivra, DS2), ou bien du piano triste du somptueux morceau conclusif, l'éponyme "56 Nights". Une seule plage, plus lumineuse, rompait avec la forme rugueuse de cette mixtape, la seule produite par un autre que Southside (Tarentino en l'occurrence). Ce titre, qui s'accommodait autant des saillies misogynes usuelles que d'allusions à la violence policière, c'était "March Madness", l'exception qui confirmait la règle, mais aussi le morceau pivot du projet de ce troisième tir gagnant du rappeur le plus important de notre temps.