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A l'époque, Deniro Farrar n'avait sans doute jamais rencontré Shady Blaze en personne. Séparés que par quelques milliers de kilomètres, les deux hommes ne s'étaient connectés en fait que par Internet. Et pourtant, l'alchimie fonctionnait plutôt bien, avec ce membre du collectif Green Ova, celui du duo Main Attrakionz. Leurs paroles et leurs thèmes n'étaient pas nécessairement des plus neufs, les deux rappeurs se posant, avec sérieux et gravité, en chroniqueurs du ghetto et en prisonniers de la périlleuse jungle urbaine. Mais il y avait une indéniable complémentarité entre le phrasé rude, profond et lent du Nord-Carolinien, et celui, en double-time, du Californien, de même qu'avec leurs invités divers et variés, tous des rappeurs du moment comme ceux de Main Attrakionz bien sûr, mais aussi ST 2 Lettaz de G-Side, Boldy James, et Tree, qui émergeait à la même époque, et contribuait à un très bon "Stayin' Alive", par ailleurs produit par lui.

La production, parlons-en. Assurée par plusieurs beatmakers (notamment le Canadien d'Halifax Ryan Hemsworth, un habitué des collaborations multi-genres), elle était capitale dans la réussite de cet album. Signe des temps, et présence de Green Ova oblige, elle était aussi très orientée cloud rap. La plupart des titres optaient pour des sons emphatiques et atmosphériques, sans rythme ou presque, et c'était justement ceux qui poussaient le plus dans cette direction, les plus contemplatifs (le sombre et pessimiste "Therapture"), mélodiques ("Fallen Soldiers", avec Main Attrakionz, "Madonna" et "ugotme"), élégiaques ("Breaking Ties", un "All I Know" au refrain auto-tuné) ou évaporés ("Sould Fly Remix", avec Boldy James), qui étaient souvent les meilleurs. Encouragé par ce succès, Deniro Farrar persévérerait d'ailleurs dans cette voie, avec des compositions du même tonneau, dès son projet d'après, sa première collaboration avec Blue Sky Black Death, sans toutefois égaler les meilleurs moments de ce Kill or Be Killed.