Si Kevin Gates a été l'un des rappeurs de 2013 (et continue à assurer en 2014), c'est bien sûr en raison de ses deux sorties de l'année, The Luca Brasi Story et Stranger than Fiction, mais pas que. Comme tant d'autres avant lui, l'homme de Baton Rouge a aussi voulu profiter de sa nouvelle notoriété pour faire la courte échelle à quelques comparses, via son propre label et collectif, la Bread Winners Association : Terrence Hines notamment, et Percy Keith, celui qui lui donnait la répartie sur le menaçant "Narco Trafficante" et quelques autres titres, le même que celui qu'on a croisé, plus récemment, sur le Young Jefe de Shy Glizzy.

PERCY KEITH - Compliments of Luca Brasi

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En retour, Percy Keith a voulu tirer profit de son protecteur, en plaçant clairement sa propre mixtape de 2013 sous le signe du même Luca Brasi. Compliments of Luca Brasi, en toute logique, devrait donc être une sortie de troisième zone, une œuvre extirpée de l'anonymat par la seule grâce du copinage et de la chance. Ce point, d'ailleurs, la question de son rapport à son parrain, Percy Keith cherche à la régler d'emblée, sur une plage introductive qui recycle la musique de "IDGAF", un titre de… Kevin Gates. Et il a ses raisons. Car au-delà de cet emprunt, le rappeur démontre sur la longueur de la mixtape qu'il a une valeur propre.

Celui-ci, en effet, ne singe par le rappé-chanté mélodique et mélancolique qui a permis à son mentor d'émerger, hormis peut-être sur un "Guns N Roses", où Percy Keith nous fait part des affres d'une relation amoureuse. "My Niggas" rappelle aussi le maître, dans ses moments les plus enlevés. Mais le reste n'a rien d'une copie carbone. C'est en fait un cocktail de titres offensifs aux synthés rutilants comme "Soulja Hatin'" et "Clutchin'", certes attendus en ces lieux, mais aussi de passages plus classiques, au son très 90's, par exemple ce "Deep Cover" piqué à un vieux titre de Dr. Dre et Snoop Dogg, ces bons vieux samples disposés en boucle sur "I'm Nasty" ou, dans une moindre mesure, les touches de piano de "Stories". Le rappeur se fend même d'un morceau dédié tout entier à New-York et à ses rappeurs, "NY Here I Come". Et en plus de cela, il y a des passages moins faciles à classer, par exemple une divagation consacrée à Lil Boosie, et bâtie autour d'un sample des dernières paroles de Lil Wayne sur "Bitches & Bottles".

Avec tout cela, on n'est certes pas au niveau du maître. La voix banale et peu charismatique du rappeur, ainsi que des morceaux un peu téléphonés, comme celui plein de soul et dédié aux filles qu'il a tout simplement intitulé "Hoes", tirent la mixtape vers le bas. Mais avec des "Soulja Hatin'", des "Guns N Roses", des "9's" et des "My Niggas", il y a suffisamment de matière pour que Percy Keith se fasse un nom rien qu'à lui, sans plus rien devoir à Messieurs Brasi et Gates.