Trentavious White, alias Bankroll Fresh, n'est peut-être pas le plus en vue des rappeurs d'Atlanta. Cependant, il est actif depuis plusieurs années déjà. Sa première apparition notable remonte à la mixtape EA Sports Center, de Gucci Mane. Il y secondait Guwop sur quatre morceaux, sous le nom de Yung Fresh. Depuis, il a sorti quelques mixtapes et accompagné quelques autres rappeurs locaux, mais il est demeuré un second couteau, jusqu'à ce que, récemment, le titre "Hot Boy", le EP Money to Die 4, plus tôt en 2014, puis enfin cette mixtape en septembre, Life of a Hot Boy, tous des réussites, n'attirent sur lui des regards plus intenses.

BANKROLL FRESH - Life of a Hot Boy

Cette sortie, certes, ne révolutionne rien. On y retrouve les artisans habituels du son scintillant et tapageur d'Atlanta, D. Rich en premier lieu, Zaytoven aussi, et un brin de Metro Boomin et de TM88. Et ceux-ci restent, dans l'ensemble, fidèles aux recettes locales (hormis les scratches de "Dope Boy Shit", peu ordinaires en ces lieux). Quant à Bankroll Fresh lui-même, il ne dévie pas outre-mesure du rap de rue ordinaire, obsédé par le fric et les filles, crâne et amoral, avide de rimes simples et de répétitions. Tout juste note-t-on en plus, dans les vidéos, la pochette, les paroles (il est question de 400 degrés sur le morceau éponyme) et quelques sons, l'influence de Cash Money. Après tout, le rappeur ne proclame-t-il pas être lui aussi un Hot Boy ?

Toutefois, Life of a Hot Boy se distingue du tout venant. Si les raps de Bankroll Fresh s'avèrent souvent difficiles à suivre, ils se montrent très plastiques. Son flow change au fil des titres, sa voix même est plus ou moins rauque, d'un morceau à l'autre. On passe des quasi-gémissements de "Out Da Mudd", dignes de la vague de rappeurs allumés qui sévissent actuellement dans la même ville, aux chantonnements de "The Truth", "Hunger", "Cold World" et "Hustle", puis au jeu à deux avec Rich Homie Quan sur "Show Em How to Do it", un titre qui a un petit quelque chose de Migos, tout comme ce "Come With It" bourré d'onomatopées.

Ailleurs, nous avons droit aux divagations d'un claironnant "New-York Freestyle", au refrain entêtant de "G-Code", au souple et relax "Last Don" soutenu par Zaytoven, ou à un "I Wanna Live" produit par Metro Boomin, que n'aurait pas renié un Young Thug. Sans oublier le phrasé rapide et saccadé de "All Out", celui auquel "Hot Boy" doit tant, aussi.

Capitalisant sur ce single, Bankroll Fresh livre une synthèse de tout ce que le rap d'Atlanta (et au-delà), est capable de faire. Il y a multiplié les styles, avec constance et réussite, au point qu'on a l'impression parfois qu'il se dédouble. Il est parvenu à apporter à ce long Life of a Hot Boy assez de diversité pour être appréciable d'un bout à l'autre ou presque.

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