Breadwinners Association :: 2013 :: télécharger cette mixtape
Portant le nom d'un personnage culte du Parrain (Luca Brasi est le brutal homme de main du patriarche mafieux), cette mixtape nous offre sans surprise des récits parsemés de drogue, de violence et de délinquance, et ce d'entrée, avec le cocaine rap de "Paper Chasers". Hormis peut-être l'efficace refrain en espagnol du très noir "Narco Trafficante", Kevin Gates ne propose rien de bien nouveau ni de personnel dans ce registre. D'ailleurs, quand il accueille des invités prestigieux, c'est pour se conformer à leurs formules, ou à celle de leurs villes d'origine : il est lent, enfumé et défoncé sur "Just Ride", avec Curren$y ; il est sautillant, dans la tradition bounce de La Nouvelle-Orléans, sur le catchy "Ugly but She Is Fine" avec Master P.
Mais là où The Luca Brasi Story fait la différence, c'est quand Kevin Gates joue de la corde sensible, marchant sur les pas d'un Drake, ou sur ceux d'un Future. Comme ce dernier, le rappeur ouvre son cœur ("Arms of a Stranger", "Around Me", "Marshall Mathers", "IDGAF", ce "Twilight" où il s'imagine sous les traits d'un vampire issu du film du même nom), et il passe avec aisance du rap au chant, ou à quelque chose entre les deux. C'est là l'un des atouts de cette mixtape : même si Kevin Gates prouve avec son a capella final qu'il est aussi à l'aise sans les beats, elle est, souvent, exceptionnellement mélodique. C'est patent sur ces titres irrésistiblement accrocheurs que sont "Hold Ya Head", "Hero" et "Hold It Down".
Le rappeur de Baton Rouge, par soif de succès sans doute, semble bien résolu à jouer cette carte, celle de la vulnérabilité et de la mélodie. A force, il se pourrait qu'il sombre du mauvais côté du sentimentalisme. Mais pour l'instant, The Luca Brasi Story ne fait que frôler ce travers. Nonobstant les habituelles longueurs, cette sortie est encore pile à l'endroit qu'il faut pour être une grande mixtape.
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