Epic :: 2012 :: acheter cet album
Ce rappeur, il faut dire, à été à la bonne école. Issu d'Atlanta, il est apparenté à Organized Noize, au sens propre du terme, étant le cousin de Rico Wade. Et c'est au sein de la Dungeon Family que Nayvadius Wilburn a acquis son pseudonyme, le collectif l'ayant bien vite identifié comme le futur du rap. C'est d'abord en collaborant avec Gucci Mane, sur la mixtape Free Bricks, qu'il a fait parler de lui, en 2010. Mais c'est l'année d'après que tout s'est accéléré, avec les mixtapes remarquées Streetz Calling et True Story, et le succès de l'excellent single "Tony Montana". C'est ainsi que Future a fini chez le label Epic, et qu'il a sorti un premier album, Pluto, considéré par beaucoup comme l'un des événements rap de 2012.
Alors, à quoi ressemble-t-il donc ce futur du rap ?
La singularité du rappeur, en premier lieu, c'est sa voix. Une voix chaude mais cassée, éraillée, au bord de la rupture, comme s'il avait trop crié, ou pleuré. Ensuite, c'est la façon dont il l'utilise, si mélodique qu'il devient parfois impossible de distinguer le rap du chant, les deux se mêlant de manière inextricable. A cela, s'ajoute l'utilisation de l'Auto-Tune, la machine la plus casse-bonbon de ces dernières années, que l'on pensait en voie de ringardisation prononcée, mais dont le rappeur réinvente et régénère l'usage, l'employant à souligner sa fragilité. Cette fragilité, cette sensibilité, cette vulnérabilité, c'est l'autre attribut de Future, à son paroxysme sur des titres comme "Truth Gonna Hurt You" et "Neva End". Notre homme s'expose, dans un registre pas si éloigné d'un Drake, qui collabore d'ailleurs à Pluto, mais avec un côté plus sale, plus écorché. Plus street. Plus thug.
Pluto est l'album grand public de Future, celui de la mise sur orbite. Certains, donc, lui reprocheront ce son plus propret que sur mixtape qui domine la première partie. Pour marquer son entrée dans la cour des grands, aussi, le rappeur a arraché certains de ses invités au passé, plutôt qu'au futur, à l'image de R. Kelly. Ce disque, pourtant, Future l'a réussi. En recyclant ses hymnes avec des sons plus puissants, comme le brûlot "Same Damn Time", et comme "Tony Montana", toujours increvable, avec ou sans le renfort de Drake. Puis en y ajoutant quelques autres aussi réussis, comme cet "I’m Trippin" produit et renforcé par Juicy J, la jolie ballade "Neva End", cet "Homicide" accompagné d'un Snoop Dogg en forme, et surtout "Turn on the Lights", la perle de l'album. Et même les titres plus doucereux, comme "Parachute", sortent gagnants et grandis d'écoutes répétées.
Comme tout l'album, d'ailleurs. Comme tout ce Pluto qui, et pas seulement pour son imagerie intersidérale, donne raison au titre de la plage d'introduction et aux propos du poète spoken word vétéran Big Rube : le Future, c'est maintenant.
Abonnement aux commentaires
S'abonner pour recevoir les commentaires suivants par email