Autoproduit :: 2004 :: disque indisponible

Cypha 7, ou Cipher 7, ou encore C7, fut un duo formé par Shaheid et par Akim Allah, un rappeur toujours actif aujourd'hui sous le nom d'A.K.M., des affiliés à l'immense famille Project Blowed. Proches de Freestyle Fellowhip, de C.V.E. et du Hip-Hop Kclan, ils ont également côtoyé Shock G, de Digital Underground. Comme beaucoup de Blowedians de la deuxième génération, notamment Busdriver et 2Mex, c'est sur Afterlife Recordz qu'ils sortiront un premier album, Pages from the Book of Life (1998), après s'être distingués par leur présence en concert. Puis ils récidiveront 6 ans après, en sortant par leurs propres moyens ce Got Struggle!

Sur ce disque sorti de manière artisanale en 2004, les deux hommes proposaient un rap souple et félin qui jonglait avec les mots sur des instrumentaux riches, dans la plus pure tradition du Project Blowed, un feeling très live étant garanti par des percussions dynamiques et le recours à de "vrais" instruments. Lorgnant vers le funk et le jazz, les titres de l'album étaient souvent éminemment mélodiques, comme sur le très musical "Bitch Killa", avec les synthétiseurs enlevés de "Bounce Off the Planet" et, surtout, avec les magnifiques "One Luv" et "Wild Wild West".

Généralement, le ton était suave, par exemple avec les récits nocturnes de "Night Life", où l'on retrouvait Shock G. Mais il ne fallait pas s'y tromper. Comme le suggèrait le titre de l'album, ainsi que le pseudo très Black Muslim d'Akim Allah : le duo, même s'il s'autorisait des abstractions, restait ancré dans la réalité sociale.

Le ghetto n'était jamais loin, en arrière-plan sur "One Love" et "Wild Wild West", ou au cœur du sujet sur "It's a Hood Thang", ainsi que sur ce "20th Century Slaves" qui dénonçait les abus de la police. Cependant, Akim et Shaheid nageaient à contre-courant de leurs collègues nihilistes de la mouvance gangsta, comme le montrait l'ego-trip second degré de "Astro Pimp", un titre qui figurera en 2005 sur la seconde compilation Project Blowed. Il donnait plutôt dans l'edutainment, comme sur "Almighty Dollar", où il rappelait les dangers et ambiguïtés de l'argent.

Les paroles étaient comme les beats, subtiles, équilibrées. Trop, sans doute, pour qu'Akim et Shaheid rencontrent le succès. Car Cypha 7, comme tant d'autres groupes talentueux, ne saura pas capitaliser sur leur talent. Le duo se séparera, au moment où Afterlife se délitera, et Akim connaîtra quelques années de descente aux enfers et dans l'alcool, après la mort de son frère, tué par la police, ne réapparaissant que quelques années plus tard en solo, et ne laissant donc de l'aventure C7 que deux albums précieux, malheureusement presque introuvables.

PS : merci à Akim Allah pour avoir partagé les informations qu'il me manquait pour écrire cette courte chronique.