Si une chose semble avoir marqué de manière indélébile Trouble, rappeur d'Atlanta et membre du collectif mené par Alley Boy, Duct Tape Entertainment, c'est son séjour en prison. Sa sortie précédente, un remarquable December 17th, avait pour titre la date de sa remise en liberté, fin 2010. Et cette autre, 431 Days, finalisée en mars 2012, poursuit l'idée en comptant le nombre de jours qui ont séparé la fin de son incarcération de la distribution de cette nouvelle mixtape.

TROUBLE - 431 Days

Vu son passif, rien de surprenant si Mariel Semonte Orr, de son vrai nom, investit et explore le registre du mauvais garçon. Il goûte certes à la liberté retrouvée ("Free"), mais il n'en donne pas moins dans un rap noir, offensif, belliqueux, qui ne renie pas ses mauvais penchants et représente son territoire ("ATL"), accompagné par une musique synthétique et pétaradante.

Il y a pourtant autre chose chez ce rappeur, une posture différente de celle des m'as-tu-vu de la trap music locale, dans ses dimensions les plus loufoques. Avec des titres tels que le remarquable "U Don't Deserve Dat", qui invite les victimes à ne plus subir, Trouble cultive une personnalité réfléchie, raisonnable. Délinquant aguerri, il n'en professe pas moins des leçons de vie, avec une sagesse des rues dont certains déplorent l'absence dans le rap d'aujourd'hui.

Trop longue, trop éclectique, comme toute mixtape, 431 Days n'en est pas moins riche en titres marquants. Seules la boucle lassante de "Let Them Tell It" et la bluette R&B de "Would You?", interprétée avec Verse Simmonds et produite par DJ Toomp, gâchent le tableau. Pour le reste, c'est rempli d'hymnes bien sentis comme "YUUURD!", le virevoltant "GO!" et le lourd "Characters", de passages tire-larmes réussis, comme cet "All I'm Worried About" où Trouble célèbre ses proches, et de duos percutants, avec des gens de Duct Tape ou des rappeurs plus confirmés, Gucci Mane sur "Hustle & Ambition", et Bun B sur l'excellent "Never Understand".

Et n'oublions pas de mentionner le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, ce gargantuesque "Fuck Shit Crew", un long posse cut de sept minutes avec neuf rappeurs, particulièrement efficace avec ses cloches et avec son refrain dévastateur, et qui offre une fin parfaite à cette autre grande mixtape sortie par un Trouble désormais libéré, au propre tout comme au figuré.

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