Big Cat :: 2009 :: acheter cet album
Oui, mais voilà. Comme il y a vingt ans, les gangsters mènent la barque, et ils sont imperméables à la critique. Et pourtant, des critiques, il y en a eu à l'encontre de Gucci Mane. En plus de ses thèmes (la drogue, l'argent), on lui a reproché, entre autres, de ne pas avoir l'aisance verbale des virtuoses "côtiers". Et en ce qui concerne ce Murder was the Case, certains même de ses supporters ont eu la dent dure, ayant peu goûté ce disque vite enregistré, jugé moins essentiel que quelques unes des mixtapes avec lesquelles le rappeur d'Atlanta nous abreuve continument. L'auteur lui-même a reconnu ne pas y avoir mis beaucoup de soin, soucieux de vite se débarrasser d'un contrat encombrant avec le label Big Cat.
Et pourtant, il n'était pas si mal, cet album. Si l'on oublie des "Cuttin Off Fingaz" et "Gangs" dispensables, on y trouvait tout ce qu'il faut aimer chez Gucci Mane : ces synthétiseurs tour à tour clinquants ("Runnin' Back"), virevoltants (le vieux titre "Stoopid"), triomphants ("Yella Diamonds"), symphoniques ("Block Party"), épiques ("Say Damn"), voire atmosphériques ("Hot!") ; ce débit lent et pesant ; ces "yeeeaaah" paresseux et du meilleur effet, qui ponctuent chaque morceau, et leur donnent une allure délicieusement insolente ; et bien sûr, cette rhétorique de gangster patenté et sans remord, qui ne s'intéresse qu'à son fric mal acquis et qui ne s'embarrasse pas de subtilités, affirmant des choses aussi explicites que "yeah je vole, et yeah je fume, je bois et je gobe des drogues" ("Block Party").
A tous ces exercices, coutumiers chez Gucci Mane, s'ajoutaient quelques titres plus originaux. Le premier était "Murder for Fun", une escapade ragamuffin effroyablement noire, où il s'en prenait à nouveau à son vieil ennemi, Young Jeezy. Un autre était "Neva Had Shit", où l'on restait en Jamaïque le temps d'une instrumentation reggae. Et le plus fort était le morceau conclusif, un "Shittin' Onum" malsain et malodorant, qui poussait le bon goût jusqu'à sampler des bruits de mouches et les interjections improbables issues de quelque film, concluant un Murder Was the Case qui, décidément, n'était pas si dispensable qu'on l'a dit.
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