Dans les années 2000, la résurgence d'un rap dansant destiné à mettre le feu aux clubs n'est pas seulement le fait d'artistes populistes basés au Sud, dans les villes d'Atlanta et de La Nouvelle-Orléans. Il est aussi porté par des gens comme Spank Rock, un duo composé du producteur XXXchange, le Blanc, un proche de DFA, et du MC Naeem Juwan, le Noir, un ami de Shawn J. Period, lui-même un rappeur underground dans la veine de Mos Def et de Talib Kweli. Leur musique, cependant, n'a pas grand-chose à voir avec le rap "conscient" de ces derniers. C'est même tout le contraire. S'appuyant sur la solide culture club de leur bonne ville de Baltimore, sur sa house locale mâtinée de hip-hop, ils suivent les pas de Luther Campbell.

SPANK ROCK - YoYoYoYoYo

Beaucoup, sur leur premier album, ramène en effet au Miami des années 80 : ces sons d'époque, ces paroles scabreuses, cet esprit ludique où subsistent quelques traces de bonne humeur datant de la old school, ou encore ces bruits d'antiques jeux vidéos sur "Top Billin' for Far Left". La filiation sera d'ailleurs affirmée davantage sur le EP d'après, Bangers & Cash, où notre duo s'amusera avec Benny Blanco à sampler le 2 Live Crew et à recycler la pochette légendaire d'As Nasty as they Wanna Be, y exhibant des fessiers luisants et pleins de cellulite.

Car dès ce YoYoYoYoYo bien trop audacieux, iconoclaste et éclectique pour sortir sur autre chose qu'un label anglais, c'est bien de cela dont il est question : de fesses. Les textes ne font rien que tourner autour de ce thème, l'arrière-train. La musique qui les accompagne n'a d'autre but que de le faire remuer. Et elle y parvient plutôt bien, sur le tube qu'est ce jubilatoire "Bump" où la rappeuse Amanda Blank vient tenir la dragée haute à Juwan. Dans un genre aussi endiablé et plus fiévreux encore, le funk torride de "Sweet Talk" n'est pas mauvais non plus, avec les chœurs des Typical Girls, de même que la house music bondissante de "Chilly Will".

Certes, sur ses autres plages, ce booty rap à l'ère du glitch et de l'IDM ne fait pas toujours cet effet boeuf. Il est rare qu'un disque dédié complètement à la danse soit prenant de bout en bout. Peut-être, d'ailleurs, est-ce pour éviter la lassitude que l'album se clôt par un "Screwville, USA" totalement à rebours du reste, qui échange les rythmes trépidants d'avant contre un titre de rap lourd et planant, en hommage à Houston, à DJ Screw et au style chopped and screwed.