Epitaph / PIAS :: 2005 :: acheter cet album
Tout au long de ce disque, s'affichait un Sage Francis au sommet. Un Sage Francis remonté, haletant, en verve, moins geignard que sur Personal Journals et qui, dans le contexte post-électoral du début 2005, se lançait dans de longues tirades politiques et enflammées. Ce Sage là, fort de son expérience de slam poet, passait sans accroc de la diatribe (contre les politiques américains, contre la religion, contre la guerre, contre le rap, contre la fascination pour les armes à feu) à l’introspection (les blessures de l’amour, celles de l’enfance) avec ce qu’il fallait de hargne et de talents d'écriture pour ne pas tomber dans le piège d'un rap "conscient" lénifiant, ni donner raison à ceux qui voulaient le réduire à une commode étiquette emo-rap. Et pour ne rien gâcher, malgré une production à plusieurs mains, assurée par la crème de l'underground d'alors (Danger Mouse, Alias, Sixtoo, Controller 7, Daddy Kev, Joe Beats, Reanimator...), A Healthy Distrust n’était plus le patchwork musical trop éclectique de Personal Journals.
La signature chez Epitaph, label punk hardcore dont il était le premier artiste rap, ne devait rien au hasard : un vieux fond rock affleurait constamment de l’album, grâce aux guitares, grâce à la voix de gros ours enroué de Sage, grâce à ces titres qui finissaient toujours par exploser. Malgré la diversité des sons et des thèmes, il l’unifiait. Le rappeur avait beau ratisser large, paraphrasant Public Enemy ("Dance Monkey"), collaborant avec Will Oldham ("Sea Lion"), rendant un vibrant hommage à Johnny Cash, guitare et harmonica à l'appui ("Jah Didn’t Kill Johnny"), tout cela s’accommodait, s’assemblait et fusionnait à merveille sur cet album, et dévoilait en Sage Francis un successeur crédible à tous ces gens à la fois.
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