Takaba Records :: 2010 :: acheter ce disque

Car, contrairement à Ill-Boss par exemple, le MC de Tha Blue Herb, ces deux Nippons là ne sont pas du genre à laisser la musique s’installer et le beat respirer. A l’instar des autres rappeurs de son groupe, le MC japonais de Curse ov Dialect est extrêmement volubile, verbeux même. Il rappe off-beat, à toute allure et sans temps mort. Et son ami Meiso, rappeur d’Honolulu, n’a rien à lui envier.

Nos deux rappeurs ont pourtant fait tout leur possible pour rendre digeste leur album commun, invitant quelques figures du rap indé, Sole, Omid, K-The-I???, Scott Da Ros, à produire leurs titres, et d’autres comme Ceschi Ramos ou Modulok à pousser la chansonnette avec eux. Résultat, un hip-hop outrancièrement bizarre et expérimental où les deux MCs rivalisent de vitesse, allant même jusqu’à rapper l’un sur l’autre ("Metro-No-Man's Land"), des beats à tiroir où surgissent, au moment où on s’y attend le moins, quelques bouts de reggae ("Root Is The New Leaf"), un synthétiseur plein d’élan ("Lost And Found"), un accordéon enjoué ("Whimsical Heat Haze"), des scratches déglingués ("Metro-No-Man's Land") ou une instru délicate aux vagues accents chinois ("Cool Summer Dusk").

Malheureusement, la mixture ne prend que rarement. Le titre le plus réjouissant, c’est ce "Brave Small World" fou fou fou, produit par Curse ov Dialect et entonné dans plusieurs langues par toute une palanquée de gens, le tout servi avec des samples de musiques folkloriques issus des quatre coins du monde, dans la tradition du délirant groupe australien. Et le plus joli est cet "Original Gaian" rappé avec un Ceschi impeccable, comme toujours, dans un style ligne claire très proche de ce qu’a l’habitude de nous proposer le MC de Toca. Ce sont ces deux plages qui se distinguent de cet album foutraque, comme si, ironie du sort, les meilleurs morceaux de Kaigen et Meiso étaient ceux où ils ressemblaient à d’autres qu’eux.