Et c'est reparti. En 2010, Glazart persévère, les soirées Növo Hip-Hop poursuivent leur chemin. Et la neige qui a envahi les rues de la capitale en cette journée de février n'a pas empêché un public conséquent de se presser dans cette salle du Nord parisien. Il faut dire que l'affiche était fournie, du fantasque Bleubird à l'halluciné K-the-I???, en passant par les Belgo-Suédois de Zucchini Drive et le Caennais Liléa Narrative, plusieurs variétés de hip-hop nous étaient proposées.
Passons brièvement sur Zucchini Drive. Pas par snobisme, même si ce groupe n'a jamais vraiment eu droit à nos faveurs, mais tout simplement parce que des préoccupations annexes nous ont retenus ailleurs au moment de leur prestation. Contentons-nous, malgré quelques échos très divergents, de croire K-the-I??? quand, au début de son show, il nous confie qu'il les a trouvés sensationnels.
Concentrons-nous donc surtout sur Bleubird. Le Floridien, on le sait, est un show-man. Même s'il y a de bonnes choses sur ses albums, son rap est taillé avant tout pour la scène. Comme à son habitude, le MC ne se contente pas de déblatérer ses textes à une vitesse supersonique sur des beats aussi antinomiques que des sons électroniques ou de gros riffs hard rock. Il les adapte aux circonstances, au public, à ses marottes du moment, il se livre à des commentaires, il interpelle le public, il donne dans le freestyle. A toute allure, toujours, comme s'il avait le feu aux fesses et qu'il allait mourir demain, il nous raconte sa vie, de la Floride, qu'il a quittée parce qu'il y faisait trop chaud, à Montréal, où il n'est pas resté car il y faisait trop froid, puis à l'Allemagne. Il s'exprime dans un mélange parfois indistinct d'anglais, de français et d'allemand. Et comme toutes les autres fois où le bonhomme s'est produit en France, c'est drôle, c'est plein d'énergie, c'est proprement réjouissant.
Celui qui lui succède est un sacré beau bébé. N'empêche... Malgré ses kilos superflus et son ventre de Père Noël, K-the-I??? va gigoter pendant tout son set, suant à grandes eaux. Un set assez long, décomposé en deux parties : une première purement instrumentale, et qui, malgré les contorsions de possédé de l'artiste, s'avère un peu longuette ; et une autre, rappée, et plus convaincante. Nous retrouvons alors le flow inconfortable, urgent et haut-perché auquel le MC nous a habitués sur Broken Love Letter et sur Yesterday, Today & Tomorrow.
Mais sur scène, avec la silhouette imposante du bonhomme tout droit en face de soi, ces titres parfois trop froids sur disque gagnent en impact. Seul regret, comme souvent avec les rappeurs un peu lourds, la prestation s'avère un peu linéaire, elle tend sans cesse vers une apothéose qu'elle n'atteint jamais. Il lui manque des mouvements, du contraste, de la respiration, du climax. Ah si, tout de même, K-the-I??? nous offre un moment saisissant vers la fin, sur un beat hypnotique qu'aurait signé Thavius Beck. Mais le rappeur aurait peut-être gagné à s'arrêter aussitôt après, il retiendra moins l'attention sur ses tous derniers titres.
Pour Liléa Narrative aussi, le timing aurait pu être meilleur. Le Caennais aurait peut-être dû être programmé plus tôt ce soir. En intervenant après les têtes d'affiche, son show ressemble à un chill-out un peu anonyme : l'essentiel du public rentre alors chez lui, ceux qui restent discutent autour d'une bière avec quelques amis, et plus grand monde n'est vraiment attentif aux sons issus du nouvel album du beatmaker, Echantillodrome, à ces titres plus complexes et plus ardus que ceux de son disque précédent. Dommage. Si ce n'était ces petites erreurs d'agencement et de planning, Glazart entamait bien cette nouvelle année Növo Hip-Hop.
PS : désolé pour la netteté très relative des photos, elles n'ont malheureusement pas été prises avec du matériel de compétition...
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