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GENE CLARK - Echoes

Albums folk rock metal

GENE CLARK - Echoes

Avec la vague de rééditions de l'ère du CD, bien des albums ont subi des transformations. De nombreux vieux disques, célèbres ou oubliés, sont revenus dans les rayons, mais pas toujours dans leurs versions originales. Souvent, ils ont été remixés, ou enrichis de bonus tracks plus ou moins captivants, versions alternatives des originaux, faces B de singles ou démos branlantes. Premier disque sorti après que Gene Clark ait quitté les Byrds (la garçon, qui avait peur de l'avion, ne pouvait plus suivre ses compères dans leurs tournées), Echoes est un cas d'école. Ses métamorphoses ont commencé très tôt. A l'origine, il ne s'appelait même pas ainsi. Avant de sortir sur le marché britannique, Echoes s'intitulait Gene Clark with the Gosdin Brothers, du nom des deux frères, Rex et Vern, qui accompagnaient alors le chanteur à la guitare.

GENE CLARK - Echoes

Pour complexifier le tout, une première réédition est apparue dès les années 70, intitulée Early LA Sessions, sans le titre "Elevator Operator", et avec des versions réenregistrée des autres. La version dont il est question ici correspond à un premier CD, sorti en 1991, à nouveau remixé, dont les morceaux sont présentés dans le désordre, avec plusieurs bonus et des titres que Clark a alors déjà signés pour les Byrds (notamment " I Knew I'd Want You", "Here without You", "Set You Free This Time", "If you're Gone"). Enfin, cerise sur le gâteau, deux nouvelles moutures ont vu le jour dans les années 2000, à quelques mois d'intervalles, l'une, en Europe, proche du CD des années 90, et une autre, qui restaure les titres dans leur ordre et leur mix d'origine, offre de nouveaux bonus, et s'appelle de nouveau Gene Clark with the Gosdin Brothers.

Après tant de changements, on pourrait croire que Echoes est un document plutôt qu'un vrai disque. D'autant plus que Clark mange ici à tous les râteliers, qu'il s'inspire de tous les genres en vigueur en cette année 1967. Se retrouve sur ce premier album le folk-rock enlevé des Byrds, auquel le singer-songwriter emprunte la section rythmique, Chris Hillman et Michael Clarke. Mais il y a aussi de la pop orchestrée (le charmant "So You Say You Lost Your Baby") et des audaces dans le style des Beatles, tentées par un Gene Clark sous l'emprise du Revolver dégainé récemment par les Fab Four. Le chanteur les copie même ouvertement sur un "Elevator Operator" qui doit autant à "Taxman" qu'à "Paperback Writer". Enfin, se dessine déjà un country-rock dont Clark allait être l'un des instigateurs ("Tried so Hard", "Keep On Pushin'").

En toute logique, on pourrait donc s'attendre que cet Echoes disparate et tout mélangé ressemble à un matériau composite. Cependant, c'est exactement le contraire. Cet album est impeccable, il coule de source, il se tient d'un bout à l'autre, servi autant par les increvables classiques des Byrds que par les autres chansons de Gene Clark, notamment un "So You Say You Lost Your Baby" aussi poignant dans sa version habillée qu'interprété seul à la guitare acoustique , un "The Same One" aux belles harmonies vocales, le somptueux "Echoes", ou le délicat et très prisé "Tried so Hard", l'un des titres interprété par Yo La Tengo en 1990 sur leur fameux album de reprises Fakebook. Et pour parfaire le tout, les bonus ajoutés avec le temps sont du même niveau, par exemple ce "The French Girl" emprunté au duo Ian & Sylvia.

Bien accueilli par la critique, mais passé à côté du succès commercial (sorti au même moment, l'album Younger Than Yesterday de son ancien groupe l'a naturellement éclipsé), Gene Clark with the Gosdin Brothers, ou Echoes, préfigure les autres chefs-d'œuvre, tous insuffisamment reconnus, qui jalonneront la carrière du chanteur, ces indispensables Fantastic Expedition, White Light et No Other. Digne d'un album des Byrds, peut-être même leur meilleur, il prouve l'éclatant talent d'Harold Eugene Clark. A ceux qui ont bien voulu voir, il montre dès le début de sa carrière solo que le plus grand des Oyseaux est peut-être bien celui qui ne voulait pas voler.

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