Il y a quelques temps sur ces pages, il était question d’Emotionz, un membre du collectif Fresh Coast. Son dernier album, Rent Money, contenait quelques perles dans le genre hip-hop clinquant pour les mauvais garçons. Mais il était trop inégal pour convaincre le premier venu que le collectif de Vancouver méritait plus qu’un détour. Pour ceux qui demanderaient encore à voir, il y a donc ce Holy Smoxz, deuxième album de ce rappeur originaire de Montréal après un Don't Get Smoxt sorti six ans plus tôt. Formellement, c’est assez proche de ce que propose Emotionz. C’est toujours ce versant extraverti du rap, l’original en quelque sorte, celui des sons rentre-dedans et des rappeurs grandes gueules qui ont du flow. Mais c’est plus réussi.

SMOXZ - Holy Smoxz

D’emblée, ça ne mégote pas, avec tous ces sons de sirènes, d’hélicoptères et ses chœurs féminins qui composent l’intro. Smoxz et le producteur Stylust sortent la grosse artillerie. Et ça continuera comme ça tout du long, avec une absence totale de tact et de discrétion. C’est des grosses voix et du gros son qui tache ("DWFU"), et c’est bourré d’électronique tapageuse et roborative ("1, 2, 3"). Même les vocodeurs sont de sortie sur "Here We Go". Et les paroles sont dans le même ordre d’idées : c'est l'histoire du type qui a vécu ("A Soldier’s Song") et du vilain garçon qui trouve le chemin de la rédemption, avec l’aide de Dieu notre Sauveur ("Your Thankful", "Jah"), loué soit-Il. Et c’est aussi la nécessaire "weed song" ("Filthy Habit"), déclamée ici à 200 à l’heure. Ah, et puis n’oublions pas cette pochette du mauvais goût le plus sûr.

C’est que notre Smoxz, ce n’est pas un blanc-bec du grand Nord qui se la jouerait racaille pour faire comme les rappeurs qu’il a vu à la télé. Le garçon a vraiment vécu dans la rue, il a connu la drogue et la prison. Et pour bien se différencier des apprentis gangsters, il leur fait la morale sur "1, 2, 3" : "si un jour tu rencontres un vrai thug, il n’y a aucune chance que tu veuilles en devenir un", déclare le repenti. Et puis bon, il n’a pas à se forcer, il y arrive, lui. L’album n’est pas irréprochable, il contient des passages casse-pied, notamment ‘Got it Goin’ On’. Mais il contient aussi les efficaces "1, 2, 3" et "Fire", et les plus posés mais tout aussi réussis "A Soldier’s Song" et "1 in Da Chamba". Le reggae de "Jah" s’écoute plutôt bien, aussi. Et il ne faudra pas oublier le manifeste qu’est ce "Criminal Mind" beau comme un tube de hard rock FM des années 80, avec chant féminin, solo de guitare et tout et tout. Non, vraiment, ce type a pour de bon du talent.

Merci à Nidal de m’avoir fait découvrir le collectif Fresh Coast

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