C’est un disque de hip-hop souterrain mais de format classique, du middleground, comme on a pu dire autrefois, un album caractéristique de Basement Records (le label originel de Pigeon John, pour situer), de cet underground californien où il est permis de chantonner entre deux raps et de s’ouvrir à d’autres genres musicaux, où il est encore question de ghetto, de fins de mois difficiles et de racisme ("Human Text"), mais où l’humour n’est jamais loin ("Ghetto"), où il est de mise de célébrer le hip-hop, mais pour ses filles ("Klub Bliss", "B-Girlz") autant que pour les quatre éléments ("Leanni Lea") ou autre tarte à la crème dans le genre. C’est une collection de petites histoires personnelles truculentes et malines à la manière de "When Lucy Met Pearl and Broke up With Tom", l’un des titres les plus marquants de l’album, où l’auteur nous explique comment son ex-girlfriend l’a laissé tomber pour s’envoyer en l’air avec une femme.

PENUCKLE - The Sun Beckons...

Ni extraordinaire, ni honteux, le premier Penuckle ne brille pas par son originalité, et il devrait en toute logique se perdre dans la masse des sorties rap indé. D’autant plus que la production manque cruellement de souffle. Quelques sons sortent du lot, comme ceux du "When Lucy Met Pearl and Broke up With Tom" déjà cité, de "Today" (s’il vous plaît, rappelez-moi quel autre titre fameux utilise ce sample) ou les guitares de "The Big Sumptin…", mais ce n’est pas l’extase. Le rappeur peut diversifier ses sources de samples ou se livrer à une relecture de "Walk Like An Egyptian" ("Day Off"), rien n’y fait. Son disque ne décolle pas, rien ne met en valeur son phrasé un peu falot. Pourtant, il y a un tube sur The Sun Beckons…, une petite merveille de reggae rap intitulée "Study Music (Get Ready)", un appât redoutable, celui-là même qui m’avait attiré vers ce disque. Vous aussi, vous pourrez être charmé par ce morceau et chercher à en savoir plus sur Penuckle sur la foi de ce titre. Sachez juste, à l’avance, que la suite pourrait vous décevoir.