West Coast Underground pas mort. Chaque fois que la scène inaugurée il y a une quinzaine d’années par la Freestyle Fellowship semble marquer le pas, chaque fois qu’une génération de rappeurs issus de l’underground californien s’épuise et se répète, une autre se lève à proximité, impose son style et prend le relais. A priori, à l’écoute par exemple des dernières sorties des Shapeshifters historiques, l’année hip-hop 2006 s’ouvrait bien loin du soleil californien. Mais par surprise, avec ce premier album rien moins que réjouissant, Mickey Avalon nous y ramène.

MICKEY AVALON - Mickey Avalon

Mickey Avalon, pour situer le personnage, c’est l’un des membres des Dyslexic Speedreaders (les deux autres étant Dirt Nasty et Andre Legacy, alias Metfly des Overfiends). Et le moins qu'on puisse dire, c’est qu’il a la classe avec son allure de rockeur glam (son pseudonyme vient du classique Avalon, de Roxy Music) actualisée à l'ère du hip-hop, c'est qu'il a de l'allant avec son look de nouvel Iggy Pop au torse dévoilé et son ton de branleur revenu de tout. En l'occurence de la prostitution et d'une addiction sévère à la drogue, à en croire sa biographie.

C’est bien simple, on n’a jamais vu autant de cynisme cool et de vantardise blasée depuis Snoop Dogg. Mickey Avalon, d’ailleurs, se fait un malin plaisir d’imiter ce dernier sur l’épatant pastiche g-funk de "Hustler Hall of Fame". La plupart du temps, ce sont plutôt les filles qui l’intéressent, comme sur l’excellent "Jane Fonda" où il évoque ses séances d’aérobic rapproché avec la gente féminine, ou sur "So Rich, So Pretty" où il nous conte son expérience passée de gigolo. Et quand le rappeur choisit d’autres sujets, il ne s’éloigne pas pour autant de la chose. La preuve sur cet hilarant "My Dick" en compagnie des deux autres Dyslexic Speedreaders où il ramène le rap de battle à son sens originel, celui d’un concours de celui qui a la plus grosse.

Pour être honnête, il n’y a pas pour autant de quoi hurler au génie. Pour quelques titres extrêmement aguicheurs remplis de synthétiseurs ("Waiting to Die", "Mr. Right") ou de guitare (le "Jane Fonda" déjà cité), la plupart concentrés sur la première moitié du disque, il y a autant de beats quelconques. Mais systématiquement, l’accompagnement musical mis de côté, Mickey transforme son passé glauque en musique éclatante. Il a de l’allure, il a de l’attitude, il assure.

Acheter cet album

Merci à Kreme de Hip Hop Core pour m’avoir fait découvrir cet album.