Si on exclut l'amuse-bouche qu'était l'EP Pure Fragments, KK the Khaosist aura mis quatre ans à sortir ce deuxième album. Eternal Tones rassemble les meilleures pièces des travaux du Japonais entre 2000 et 2005. Et cela s'entend. Le disque sent le soin, l'attention, le travail bien fait, le produit finement ouvragé, malgré l'opacité de certaines plages, ce côté impénétrable propre à certaines musiques électroniques, cette froideur étrange et exotique venue de l'Est.

KK - Eternal Tones

Le disque est sombre, il maintient une distance avec l'auditeur. Pourtant, il y a assez de diversité pour ne jamais s'ennuyer. Il y a du hip-hop presque normal ("Spiral") ou malmené à la Company Flow époque Little Johnny ("Crack"). Il y a des nappes majestueuses ("Wave"), des bruits d'ordinateur louches ("Defrag") et des voix étranges et lointaines ("Time"). Il y a du rock (le second "Vamp") et du sitar ("Refrain"). Il y a des sons arides ("Mri", le quatrième "Vamp") et d'autres plus cool ("Midnight", le troisième "Vamp"), voire dansants ("Erector", le premier "Vamp"). Il y a de l'évanescence ("Stream"), de la sensualité ("Eternal") et de la tristesse ("Tones"). Et puis il y a les deux meilleures plages de Pure Fragments, l'impressionnant "Xizm" et le toujours aussi extraordinaire "Echoes". Il y a énormément de choses, mais aussi beaucoup de glace à briser pour apprécier ce hip-hop électronique et onirique. Tokyo sera toujours aussi loin, la musique de KK aussi difficile à apprivoiser. Mais c'est précisément ce qui fait tout l'intérêt de Eternal Tones, un disque à découvrir et à aimer dans la longueur, indubitablement.

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