Si vous avez eu l’occasion d’écouter "La Bête du Sous-sol", le morceau le plus rentre-dedans de Hipothetik Disaster, la compilation sortie l’an dernier par le label angevin Hip Notik Records, vous ne serez pas surpris par ce premier album de Debmaster. L’adjectif "traumatisant" que j’avais employé à l’époque pour qualifier ce titre s’applique sans mal à l’ensemble de Monster Zoo. Traumatisant, tonitruant, terroriste, ce hip-hop fou à la sauce électronique l’est, quasiment tout du long. Ça vibrionne, ça virevolte, ça décoiffe, ça arrache, ça malmène l’auditeur. Ca lui impose un florilège de sons électroniques un brin cheap, un poil rétro, mais diablement dévastateurs, qu’ils soient habillés ou non par les paroles de quelques rappeurs.

DEBMASTER - Monster Zoo

Car des rappeurs, il y en a ici. Et pas des moindres. La liste des invités est alléchante. En première ligne figure un nombre appréciable de Californiens tels qu’on les aime ici, parmi lesquels Inoe Oner, Sach, Subtitle et Existereo. Sont aussi de la partie les Australiens de Curse ov Dialect, l’impayable Floridien Bleubird, notre Donkishot national et même un véritable chanteur, un certain Maître Vitalis de Yubaba Smith&Fortune, pour un titre de folk hop. Et loin d’être les habituelles cautions rap (ou folk, donc) et internationales d’un artiste français de musique électronique avec lequel ils n’auraient pas le moindre atome crochu, comme cela a pu être le cas ailleurs, par le passé, les prestations de ces artistes n’ont rien d’inepte ni de superflu.

Au contraire, sans vouloir relativiser le talent de Debmaster, les plages les plus marquantes de ce bien nommé Monster Zoo à la pochette rigolote sont pour une bonne part celles qui sont rappées. Il faut citer "Skinnerd", par exemple, avec le très verbeux Bleubird. Il ne faut pas oublier ce "Raw Deal" au beat on ne peut mieux adapté au flow robotique de Subtitle. Il faut aussi retenir l’excellent "Xplode", un tube, un vrai, mon morceau de ce début d’année, celui que je mets tous les soirs en rentrant pour bien terminer ma journée, une petite tuerie techno déglinguée au finale mémorable interprétée avec verve par les impeccables Existereo et Innaspace, alias The Whyknows. De leur côté, les instrumentaux comportent aussi leur lot de réussites comme le très sombre "March of the Monsters", l’entraînant "Fashion in Hell" et les scratches fous de "3 Bros". Certes, les beats ravageurs dont est émaillé cet album sont parfois plus impressionnants que véritablement captivants. Mais rien que ça, c’est déjà beaucoup.

Acheter cet album